le ministre de l’Economie tend la main à la gauche au détriment du RN – Libération

Invité sur France Inter ce lundi 6 janvier au matin, Eric Lombard a ouvert la porte à plusieurs demandes de la gauche, comme une meilleure contribution fiscale des hauts revenus.

A quelques heures d’entamer ses entretiens avec les partis politiques pour préparer le budget 2025, le ministre de l’Economie Eric Lombard a fait plusieurs appels du pied à la gauche ce lundi 6 janvier dans la matinale de France Inter. «Je pense, alors que la semaine commence, qu’il y a plus de perspective de dialogue fécond avec les partis de gauche qu’avec le Rassemblement national», a lancé le nouveau locataire de Bercy.

L’ancien directeur de la Caisse des dépôts s’est montré ouvert à plusieurs demandes du Parti socialiste, qu’il reçoit ce lundi, et de la gauche, même celles exclues lors des précédents gouvernements d’Emmanuel Macron, comme la fin de la retraite à 64 ans. «On n’a pas dit qu’on n’y touchait pas», a-t-il affirmé, ajoutant que, dans les discussions sur les retraites, «tout était sur la table». Seule exigence pour le ministre : ne pas aggraver le déficit des retraites.

Eric Lombard entend aussi s’attaquer à l’optimisation fiscale, à l’instar de la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin la veille. Il souhaite que «les personnes qui ont des revenus importants participent simplement à l’effort fiscal que tous les citoyens mènent». «Quand on est salarié, on ne peut pas faire d’optimisation fiscale», a-t-il pointé. Une «mesure de justice fiscale», pour le nouveau ministre de l’Economie, proche de la gauche et ami personnel d’Olivier Faure, le secrétaire général du PS. A ce stade, les socialistes n’ont pas arrêté de position ferme au sujet de la censure du gouvernement Bayrou.

Reste qu’Eric Lombard ouvre plus largement la porte au reste de la gauche. «Je pense qu’il y a des convergences possibles avec le Parti socialiste mais aussi avec le Parti communiste et avec les Verts», estime-t-il, alors que les représentants du PC et des écologistes sont attendus mercredi à Bercy. La taxe sur les profits des grandes entreprises, déjà présent dans le budget du gouvernement Barnier, devrait notamment faire son retour dans le projet du budget 2025. Dans cette série d’entretiens en vue de préparer le budget 2025, seule La France Insoumise est la seule formation de gauche à ne pas souhaiter rencontrer Eric Lombard. Le député LFI Eric Coquerel s’entretiendra bien jeudi avec lui, mais en sa qualité de président de la commission des finances de l’Assemblée nationale.

«Responsabilités» face au RN

S’il doit recevoir le Rassemblement national vendredi, le ministre de l’Economie n’a pas hésité à critiquer ses méthodes. «La démarche par ligne rouge est une démarche qui coince tout le monde», a-t-il estimé ce lundi matin. Face au risque de censure des députés d’extrême droite, le ministre de l’Economie a assuré prendre ses «responsabilités». «Si on négocie avec tout le monde, on finit par arriver à une situation encore une fois où il n’y a plus de possible», a lancé Eric Lombard. Le gouvernement de Michel Barnier avait déjà cédé à plusieurs exigences de Marine Le Pen, renonçant notamment à augmenter les taxes sur l’électricité, à réformer l’Aide médicale d’urgence puis à dérembourser les médicaments. Mais au bout d’une série de surenchères, le gouvernement Barnier était finalement tombé à cause de la désindexation des retraites, refusée par le parti de Jordan Bardella.

Alors que le débat autour du déficit est permanent, le nouveau ministre de l’Economie a par ailleurs affirmé qu’il se situerait «entre 5 % et 5,5 %» en 2024, quand le gouvernement Barnier visait 5 %. Si le gouvernement Bayrou misait sur un effort de 60 milliards d’euros cette année, «on est plutôt autour de 50 milliards d’euros», selon le nouveau ministre. «Ce sera essentiellement des économies. Il n’y aura pas de nouvelles hausses d’impôts par rapport à celles qui ont déjà été annoncées», a-t-il précisé.