Après la réduction par le Sénat des allègements de cotisations patronales dans le budget de la Sécurité sociale (PLFSS), le ministre de l’Économie, Antoine Armand, met en garde contre la tentation de vouloir taxer davantage les entreprises.
Ces derniers « ne doit pas être la variable d’ajustement »il prévient dans une interview avec parisienpublié mercredi 20 novembre au soir.
La suppression des baisses de charges, même réduites à 3 milliards d’euros par le Sénat mardi soir – contre 4 milliards dans le texte initial du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) – déplaît aux entreprises et au camp macroniste, car elles semblent aller contre la politique d’approvisionnement soutenu presque sans faille depuis 2017.
« Ma famille politique porte un message : ce n’est pas en matraquant les entreprises et en augmentant le coût du travail qu’on crée des emplois et de la croissance »remarque M. Armand. « Le groupe EPR (Ensemble pour la République) a raison d’insister : il faut aller le plus loin possible pour préserver les réductions de cotisations »il continue en ajoutant : « Attention à la surtaxe ! »tandis que l’idée d’une augmentation de l’indemnité de mobilité, une contribution patronale au financement des transports publics, se profile.
« Je suis le ministre de Michel Barnier et j’appartiens surtout à la famille Ensemble pour la République. Arrêtons d’avoir peur des mots : nous sommes dans une coalition. Cela signifie que les forces politiques qui ne sont pas d’accord sur tout travaillent ensemble. »ajoute-t-il notamment sur les points de friction entre Michel Barnier et les députés EPR.
Un entretien « juste et responsable », juge Gabriel Attal
Ces propos ont suscité un concert d’éloges de la part de ces derniers, et particulièrement de leur président, Gabriel Attal, qui, sur la plateforme X, juge l’entretien de M. Armand « juste et responsable ». Avec les députés du groupe EPR, « nous continuons de défendre la compétitivité de notre économie au service de l’emploi. Il existe des solutions alternatives pour augmenter les tarifs. Merci au Premier Ministre et au gouvernement d’être à l’écoute, le travail continue avec eux »assure l’ancien locataire de Matignon.
M. Attal a réédité au même moment un autre message sur X du groupe des députés EPR, qui a salué l’entretien juste après sa publication, arguant que « nous ne pouvons pas prendre le risque d’augmenter le coût du travail ».
Dans l’entrevue, M. Armand juge « irresponsable » Tous « pseudo-chantage à la démission »au cas où ses demandes ne seraient pas entendues, et rappelle que M. Barnier « a toujours ouvert la porte à des ajustements en échange de propositions d’économies ».
Le risque de la motion de censure
Parmi ces économies possibles, il évoque le durcissement des conditions d’assurance chômage, déjà proposé au printemps. Il rappelle qu’il est favorable à « un débat sur le temps de travail »a « touchant le mode de vie de l’État »ou transport sanitaire en taxi, » ce qui coûte à l’Assurance Maladie 3 milliards d’euros par an. Soit 50 000 euros par an par taxi”.
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Il semble espérer que la motion de censure qui résulterait du recours à l’article 49.3 de la Constitution par le gouvernement sur le budget ne serait pas adoptée, alors que Marine Le Pen menace actuellement de s’y joindre. «Comment les Français pourraient-ils comprendre que des oppositions qui ne partagent presque rien votent néanmoins ensemble une motion de censure, mettant ainsi la France sans budget et sans gouvernement la veille de Noël ? »se demande-t-il.
Interrogé sur le président des députés des Républicains (groupe de la Droite Républicaine), Laurent Wauquiez, qui irrite régulièrement le groupe EPR, Antoine Armand juge que la situation politique « est trop nouveau pour avoir des scrupules. Si parfois certains ont des méthodes, des postures ou des positions qui provoquent une réaction, ne tombons pas dans le piège ».