Sachant que le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF), développé dans le cadre d’une coopération entre la France, l’Allemagne et l’Espagne, ne serait pas opérationnel, au mieux, avant 2040, la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2024-30 a confirmé que le Rafale être mis à niveau au standard F5 afin de garantir la continuité de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire, qui s’appuie sur les Forces Aériennes Stratégiques (FAS) de l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) et la Force Aérienne Navale Nucléaire (FANu) de la Marine Nationale française.
L’enjeu est de pouvoir disposer d’un chasseur-bombardier capable d’emporter le futur missile ASN4G (Air Sol Nuclear 4ème génération), censé être opérationnel en 2035. Soit 10 à 15 ans avant de pouvoir envisager son intégration sur le nouveau avion de combat de nouvelle génération (NGF, New Generation Fighter) sur lequel sera basé le SCAF.
Aussi, comme l’explique Emmanuel Chiva, le délégué général à l’armement (DGA), cela « nécessite de démontrer pour cet avion (le Rafale F5, ndlr) une certaine exigence en termes d’ambition pour que sa capacité de pénétration reste crédible au moins jusqu’en 2060. »
Le Rafale passé au standard F5 sera un chasseur-bombardier « très différent » de son prédécesseur au standard F4. « Le radar, les contre-mesures électroniques et l’ordinateur nécessaires à la connectivité auront été modifiés. Or, les capacités de calcul permettant de traiter des centaines de milliers d’informations nécessitent un câblage que le Rafale tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas capable de supporter », a souligné le général (2S) Stéphane Mille, ancien chef d’état-major de l’AAE. , en 2023.
Mais la LPM 2024-30 prévoit également le développement d’un drone de combat destiné à accompagner le Rafale F5 afin de lui apporter la capacité de supprimer et de détruire les défenses aériennes ennemies (SEAD – Suppression of Enemy Air Defenses).
Ce drone « lui permettra d’agir avec discrétion et éblouissement comme un prolongement du Rafale F5 pour produire des effets de réseau décisifs », expliquait alors le ministère des Armées. Et d’ajouter : « Avec ces caractéristiques », il est appelé à être « une pierre angulaire du traitement des systèmes anti-aériens modernes à moyenne et longue portée », qu’il pourra « détruire ».
Les travaux de développement du Rafale F5 ayant été lancés en 2023, il restait la même chose à faire avec ce drone de combat, d’autant qu’il n’y a pas beaucoup de temps à perdre. C’est désormais chose faite, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, ayant attendu le 60e anniversaire des Forces aériennes stratégiques, ce 8 octobre, à Saint-Dizier, pour l’annoncer.
« A la base aérienne 113 (…) pour le 60e anniversaire des Forces aériennes stratégiques, Sébastien Lecornu annonce une évolution majeure pour la dissuasion nucléaire aéroportée française : le nouveau standard du Rafale, le F5, qui embarquera le futur missile nucléaire ASN4G. (Il) a également annoncé le lancement du programme de drones de combat furtifs, qui seront pilotés directement depuis le cockpit du Rafale », a indiqué le ministère des Armées via les réseaux sociaux.
« Les premières commandes ont été notifiées aux constructeurs il y a quelques semaines », a précisé le ministre.
« Agissez partout dans le monde. »
La crédibilité de notre dissuasion nucléaire repose sur cette vision du général de Gaulle.
Plusieurs générations d’aviateurs se sont succédées depuis la première alerte des Forces Aériennes Stratégiques le 8 octobre 1964.… pic.twitter.com/8kAltLQbmi
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) 8 octobre 2024
Cette annonce a été saluée par Dassault Aviation, à qui a été confié le développement de ce drone de combat.
« Ce drone de combat furtif, concomitamment au Rafale F5, contribuera à la supériorité technologique et opérationnelle des escadres françaises à partir de 2033. Il n’est pas anodin qu’il soit lancé aujourd’hui, alors que le 60ème anniversaire de la première alerte opérationnelle du FAS et tandis que le 90e anniversaire de l’AAE a été célébré en juin dernier : dans l’aéronautique, domaine complexe par excellence, l’avenir a des racines profondes et l’innovation se fonde sur l’expérience. Dassault Aviation et ses partenaires sont fiers de servir les Forces Armées et la DGA ; leur confiance renouvelée nous honore et nous oblige », a déclaré Éric Trappier, son PDG.
Selon les explications de Dassault Aviation, et comme on pouvait s’y attendre, le développement de ce drone de combat « bénéficiera des acquis » de nEUROn, « le premier démonstrateur technologique européen de drone de combat furtif ». De plus, il sera évidemment adapté au combat collaboratif et intégrera les technologies liées au contrôle autonome (avec l’humain dans la boucle).
Pour rappel, issu d’une coopération européenne menée par Dassault Aviation et ayant associé Ruag (Suisse), Saab (Suède), Leonardo (Italie), la filiale espagnole d’Airbus Defence & Space et HAI (Grèce), le nEUROn est un 7 Appareil d’une tonne, 12,5 mètres de large et 9,2 mètres de large. Propulsé par une Rolls-Royce Turbomeca Adour Mk. Turboréacteur 951 lui permettant de voler à une vitesse de Mach 0,8 à une altitude de 14 000 mètres, il peut emporter des bombes à guidage laser GBU-12.
Photo : Dassault Aviation