Beauvau reproche à l’avocat de l’imam de Pessac de ne pas avoir voulu indiquer s’il était en possession du passeport de son client, accusé d’être « d’obédience salafiste » et visé par une procédure d’expulsion vers le Niger.
Le Figaro Bordeaux
Il s’agit d’un nouveau rebondissement dans la demande d’expulsion de l’imam de Pessac (Gironde), Abdouramane Ridouane, considéré par les autorités comme un « d’obédience salafiste » et accusé d’avoir tenu des discours pro-Hamas et distribué des publications antisémites. Le ministère de l’Intérieur a émis des rapports contre l’avocat de l’imam nigérien, Maître Sefen Guez Guez, car il a refusé d’indiquer s’il était en possession du passeport de son client et de le remettre aux autorités. Une mesure qui a provoqué un tollé au sein de la profession.
En mai, la préfecture de la Gironde avait demandé l’expulsion de l’imam vers le Niger, deux ans après une tentative du ministère de l’Intérieur de fermer la mosquée qu’il préside, car elle était soupçonnée d’héberger des imams. « connus pour leur appartenance au mouvement islamiste et leur idéologie salafiste »Malgré une fermeture de six mois initialement annoncée par les services de l’État, le tribunal administratif puis le Conseil d’État ont maintenu l’établissement ouvert, jugeant que malgré des publications qui « encourager le repli identitaire et remettre en cause le principe de laïcité »ceux-ci ne se sont pas présentés « un caractère de provocation à la violence, à la haine ou à la discrimination ».
Peu après la demande d’expulsion de l’imam, la mosquée de Pessac a été la cible d’actes de vandalisme. Il s’agirait de la septième fois depuis 2015 qu’elle est vandalisée. Début août, le tribunal administratif de Bordeaux a finalement suspendu le refus de renouvellement de la carte de résident de l’imam controversé. « nouvelle victoire »selon Maître Guez Guez, pour qui cette décision «consolidé la position» de son client. Sa situation aurait alors dû être régularisée, mais le ministère de l’Intérieur est intervenu, arrêtant Abdouramane Ridouane le 8 août et ordonnant son expulsion.
Une « attaque » contre le secret professionnel
C’est ce jour-là que, selon le syndicat des avocats de France (SAF), qui a publié un communiqué de soutien à Maître Guez Guez, la préfecture de la Gironde a rendu « injonction » à l’avocat, « en usant de menaces et d’intimidation, d’indiquer s’il était en possession du passeport de son client et, si tel était le cas, de le remettre aux autorités ». Le SAF précise que « Le ministère de l’Intérieur n’a pas hésité à contacter le procureur général afin qu’une procédure pénale et disciplinaire soit engagée contre l’avocat. »Le syndicat rappelle que le secret professionnel des avocats « doit être considérée comme une question d’ordre public, qu’elle est absolue et ne peut céder le pas qu’à des intérêts généraux supérieurs »dénonce « Des attaques sans précédent » et apporte son « soutien total » à l’avocat de l’imam de Pessac. Contacté, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité faire de commentaire.
Malgré la décision du tribunal administratif de Bordeaux en faveur du renouvellement du titre de séjour de l’imam, le tribunal administratif de Paris a rejeté le recours contre l’expulsion du prédicateur, estimant que cette procédure visant à renvoyer l’imam au Niger était de nature pénale. « intérêt public »L’imam de Pessac a finalement fait appel de son expulsion devant le Conseil d’Etat. L’audience est prévue ce vendredi. Maître Guez Guez se dit plutôt confiant, rappelant que les arguments utilisés contre son client seraient les mêmes que ceux avancés pour justifier la fermeture de la mosquée de Pessac en 2022. Une décision déjà annulée à l’époque par le Conseil d’Etat. « Une fermeture est une décision moins grave qu’une expulsion et la fermeture avait déjà été jugée disproportionnée »l’avocat croit.