« Le mieux est d’avouer »… Paul G., l’accusé qui nie « être un monstre »
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« Le mieux est d’avouer »… Paul G., l’accusé qui nie « être un monstre »

« Le mieux est d’avouer »… Paul G., l’accusé qui nie « être un monstre »

Au tribunal correctionnel du Vaucluse,

Paul G. est l’un des rares accusés du procès pour viol de Mazan à ne pas trouver d’excuses. « Oui, j’ai violé. J’accepte de l’avoir violé», reconnaît-il d’une voix assurée, à la barre du tribunal correctionnel du Vaucluse. Et non, contrairement à ce que disent de nombreux accusés, il n’avait pas peur de Dominique Pelicot. Il ne se sentait ni sous son contrôle ni sous son influence. Certainement pas. « Si j’y allais, c’était pour m’amuser. Je n’ai pas pensé aux conséquences», explique ce Guinéen à la silhouette élancée et aux cheveux courts légèrement décolorés. Et de préciser : « J’étais jeune, mais ce n’est pas une excuse. »

Les faits qui lui sont reprochés remontent à 2016. Il avait alors 23 ans. Il est arrivé en France il y a cinq ou six ans mais vient de s’installer dans le Sud, après des années passées dans la région nantaise. Les premiers échanges avec Dominique Pelicot ont eu lieu sur le site Coco.fr. Le septuagénaire jure qu’ils se sont rencontrés dans l’émission en ligne « À son insu ». Lui, comme de nombreux accusés, assure qu’il s’agissait d’une conversation classique. La nuance pose question : Dominique Pelicot, depuis l’ouverture du procès, n’a pas manqué une occasion de mettre à mal ses coaccusés, de souligner leurs incohérences ou de mettre à mal leur défense. Mais pourquoi celui qui a avoué mentirait-il sur ce point ?

Prise de conscience en discutant avec des amis

Car Paul G. explique que dès le premier échange, il est informé du mode opératoire. « Il m’a dit : ‘Nous sommes un couple libertin et ma femme va dormir. Ça vous intéresse de venir à la maison ?’ » Il hésite. Pour le convaincre, Dominique Pelicot lui envoie une première photo de Gisèle Pelicot endormie. Le septuagénaire lui envoie ensuite une photo où elle est dans les toilettes. Il se laisse convaincre. avoir le permis de conduire, le rendez-vous est pris en pleine journée : Dominique Pelicot a drogué sa femme au petit-déjeuner puis est allé chercher son « invité » à la gare de Carpentras. Les deux hommes ont violé à tour de rôle la victime, qui dormait.

« Votre histoire ressemble beaucoup à ce que beaucoup racontent, mais vous en concluez qu’il s’agissait d’un viol. Comment l’expliquez-vous ? », demande Me Antoine Camus, l’un des deux avocats de Gisèle Pelicot. L’accusé affirme avoir eu sa première prise de conscience en discutant avec des amis. «Ils m’ont expliqué que l’acte que j’avais commis était très, très grave. » Raison pour laquelle il refuse de revenir à Mazan quatre ans plus tard, lorsque Dominique Pelicot le relance. En attendant, Paul G. explique également qu’il est devenu papa d’un petit garçon. Son compagnon a été hospitalisé en service psychiatrique, il est désormais responsable de l’enfant.

« Nous sommes des hommes comme tout le monde »

Peut-être que la réponse se trouve aussi dans la religion. L’homme a grandi dans une famille catholique extrêmement pieuse : son père est pasteur et il espère le devenir après l’opération. « Mon projet est d’aller en Guinée pour suivre une formation avec mon père. » En attendant, « le mieux est de se repentir et de se confesser », insiste-t-il.

Notre dossier sur le procès pour viol de Mazan

Mais a-t-il réellement pris conscience de la gravité des faits ? Ses excuses auprès de Gisèle Pelicot sont monnaie courante. A la barre, il déplore les conséquences de cette affaire sur sa vie. Les « moqueries au travail », les « insultes » qu’il a subies lors de la révélation de la liste de noms. « Nous ne sommes pas des monstres, nous sommes des hommes comme tout le monde. Nous aussi, nous avons une vie », s’emporte-t-il.

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