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Le Mexique de Claudia Sheinbaum en première ligne sur les questions d’immigration

Le Mexique de Claudia Sheinbaum en première ligne sur les questions d’immigration
ALFREDO ESTRELLA / AFP Claudia Sheinbaum lors d’une conférence de presse, à Mexico, le 6 novembre 2024

ALFREDO ESTRELLA / AFP

Claudia Sheinbaum lors d’une conférence de presse, à Mexico, le 6 novembre 2024

AMÉRIQUE DU NORD – Les prisons privées se frottent déjà les mains. Dans le programme de Donald Trump, fraîchement réélu à la tête des Etats-Unis après avoir battu Kamala Harris, la mesure phare est sans doute celle qui concerne l’immigration. Derrière les fausses nouvelles du camp conservateur visant les haïtiens ou les migrants surnommés « étrangers », le leader a désormais les mains libres pour procéder aux expulsions massives promises lors de sa campagne.

Alors que selon nos confrères du HuffPost US, les conseillers de Trump auraient déjà pris des dispositions pour discuter de la construction de grands camps de transit avant l’expulsion, le voisin mexicain observe la chose d’un œil un peu inquiet mais tente de faire bonne figure. Jeudi, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, s’est voulue rassurante. « Nous avons eu une conversation très cordiale avec le président élu Donald Trump au cours de laquelle nous avons parlé des bonnes relations qui existeront entre le Mexique et les États-Unis »» a déclaré la gérante sur son compte X.

Un accord économique clé à renégocier dans un an

Fébrile? Il y a des raisons. Durant sa campagne, Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % au Mexique si cela se poursuivait. «cette vague de criminels et de drogue qui entre dans notre pays». La clé d’une telle mesure est un potentiel séisme économique pour le voisin, principal partenaire économique des États-Unis : plus de 80 % des exportations mexicaines se font sur sa frontière nord.

Source d’inquiétude supplémentaire : le Canada et le Mexique devront remettre sur la table en 2026 l’accord USMCA, un accord de libre-échange entre les trois pays, avec Washington. A partir de là, le chemin s’annonce mouvementé.  » Trump aime négocier en position de force, ce qui signifie qu’il a tendance à utiliser un discours coercitif pour établir une position extrême à partir de laquelle il peut négocier.Analyse pour l’AFP de l’universitaire Pamela Starr, experte des relations américano-mexicaines à l’Université de Californie du Sud.

Parmi les leviers de Trump, la menace de recourir unilatéralement à la force à la frontière avec une incursion dans les pays voisins, ou d’expulser 11 millions de sans-papiers, dont 5 millions de Mexicains. Or, comme le souligne le LA Times, chaque année la diaspora mexicaine résidant aux États-Unis envoie plus de 60 millions de dollars au Mexique, « un pilier économique du pays « .

Sheinbaum, ou l’anti-Trump

Pour retarder et apaiser un second mandat jugé « plus dangereux », Claudia Sheinbaum aura fort à faire. C’est peu dire qu’il existe un contraste entre le scandaleux 47e président américain et son voisin. De gauche quand il est conservateur, féministe quand il « prend les femmes par la chatte », scientifique quand il s’allie aux anti-vax…

Mais, selon Pamela Starr, ce sont des atouts pour Claudia Sheinbaum. «  Le problème (pour Trump) est que Sheinbaum n’est pas seulement une femme, mais une femme forte et intelligente. Et ce n’est pas le genre de femme avec laquelle Donald Trump se sent à l’aise (…) Je pense qu’il va la défier. Mais elle est forte, et je pense qu’elle ripostera tout aussi fort et qu’il devra parvenir à un accord avec elle. »conclut-elle.

Une garantie que tout reste possible : des observateurs cités dans la presse espagnole soulignent également que lors de son premier mandat, Donald Trump a fini par se laisser cajoler par le prédécesseur et mentor de Sheinbaum, Andrés Manuel López Obrador. Pourtant, lors de sa première campagne contre Hillary Clinton en comparant les Mexicains à des « violeurs », en promettant de payer pour la construction de son célèbre mur. Ce qu’il compte désormais achever.

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