Sur le banc des accusés : Jonathann Daval, l’un des condamnés pour féminicide les plus connus en France.
Sur le banc d’en face : Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, parents d’Alexia, leur fille Stéphanie et son mari Grégory Gay.
L’accusation sera cette fois soutenue par le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, qui a demandé l’extraction de Jonathann Daval de sa cellule afin qu’il puisse assister à ce procès.
« Mensonges » pendant six mois
Suite à sa condamnation pour meurtre, Jonathann Daval a indiqué qu’il ne ferait pas appel. Les observateurs pensaient avoir assisté au dernier chapitre de « l’affaire Daval ». Mais c’était sans compter sur l’aspect extraordinaire de l’histoire de cette jeune femme souriante et tragiquement disparue, qui a tant ému et intéressé les Français.
Le mari meurtrier est désormais convoqué au tribunal par sa belle-famille pour des accusations calomnieuses.
« Jonathan Daval est critiqué pour ses mensonges, depuis six mois, lorsqu’il accuse Grégory Gay d’avoir étranglé Alexia avec la complicité de sa famille », rappelle Jean-Hubert Portejoie, l’un des avocats des plaignants.
Jonathann Daval, qui avait reconnu être l’auteur du meurtre de sa femme au cours de l’enquête, après avoir affiché pendant trois mois un visage de veuf en deuil en pleine vague #MeToo, s’est rétracté à la surprise générale le 27 juin 2018 lors d’une conférence de presse. audition.
Il affirmait alors que son beau-frère avait étranglé Alexia au domicile de ses parents, tentant de la contrôler lors d’une crise hystérique, et que la famille avait conclu « un pacte secret pour dissimuler l’affaire ».
Grégory Gay « traumatisé »
C’est finalement le 7 décembre 2018 qu’il reconnaît avoir menti, lors d’un émouvant affrontement avec ses accusateurs. L’intervention de sa belle-mère Isabelle Fouillot avait été décisive. Elle avait obtenu de nouveaux aveux en lui montrant une photo du chat du couple, Happy. « Si tu veux qu’on te pardonne, nous devons comprendre », lui dit-elle.
Grégory Gay, le principal plaignant mercredi, « a été traumatisé par ces fausses accusations, c’est une question de principe, son honneur doit être définitivement innocenté, quelle que soit la peine », estime Me Portejoie, qualifiant son client de « extrêmement combatif ».
Ce dernier avait déposé plainte pour « dénonciations calomnieuses » en 2018, mais le parquet l’avait classée sans suite, d’où cette convocation à comparaître directement devant le tribunal correctionnel.
60 000 euros de dommages et intérêts
Les avocats s’affronteront pour savoir s’ils ont ou non le droit de « mentir » ou « d’accuser » au cours d’une enquête criminelle.
Selon Randall Schwerdorffer, avocat de Jonathann Daval, cette question a déjà été évacuée lors de l’enquête et du procès d’assises. Mais Me Portejoie estime que la cour d’assises a considéré à juste titre que les accusations de Jonathann Daval contre Grégory Gay constituaient un préjudice « spécifique » différent du meurtre d’Alexia.
« Isabelle Fouillot a dit à la fin du procès pour meurtre qu’elle voulait tourner la page, mais ce n’était pas vrai », poursuit Me Schwerdorffer. « La seule logique de ce procès est de demander le plus d’argent possible à Jonathann Daval : les montants parlent d’eux-mêmes, si cela avait été une question de principe, ils auraient demandé un euro symbolique. »
Le prévenu risque cinq ans de prison, mais sa peine sera de toute façon confondue avec sa condamnation pour meurtre. Et ses beaux-parents réclament 60 000 euros de dommages et intérêts, dont 30 000 euros pour Grégory Gay, 10 000 euros pour la sœur d’Alexia et 10 000 euros pour chacun des parents.