Le meurtre d’un enfant japonais en Chine exacerbe les tensions entre Tokyo et Pékin

Un garçon de 10 ans a été tué la semaine dernière dans une attaque au couteau près de son école à Shenzhen, dans le sud-est de la Chine. Il s’agit de la deuxième attaque de ce type en quelques mois et cette tragédie a alimenté les tensions entre les deux pays.

C’est une nouvelle qui a suscité une vive émotion au Japon, et qui inquiète les quelque 100 000 ressortissants japonais vivant en Chine. Pour la deuxième fois en l’espace de quatre mois, un enfant japonais a été victime d’une agression au couteau. Cette fois, la scène s’est déroulée à Shenzhen, le 18 septembre, dans le sud-est de la Chine. Le garçon de 10 ans, poignardé dans la rue, non loin de son école, n’a pas survécu.

« Nous exhortons vivement la Chine à garantir la sécurité des citoyens japonais.« , a vivement réagi le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, conscient de l’inquiétude de ses ressortissants expatriés en Chine, où une tragédie similaire avait eu lieu en juin dernier. Victime d’une attaque contre un bus dans la ville de A Suzhou, dans l’est du pays, le garçon a survécu grâce à l’intervention d’une escorte chinoise, qui a payé de sa vie son intervention. Les autorités chinoises ont alors parlé d’une « incident isolé« . Pour l’instant, il n’existe aucune preuve formelle de préméditation dans l’attaque de la semaine dernière, on ne sait pas si l’agresseur visait spécifiquement un enfant japonais, mais la répétition des faits alimente les soupçons.

Un autre facteur inquiétant est que l’attaque a eu lieu le 18 septembre, jour de la commémoration de l’incident de Mudken, qui a marqué le début de l’invasion de la Mandchourie par le Japon en 1931 (pour les fans de Tintin, Hergé y fait référence dans Le Lotus Bleu(lorsque Mitsuhirato fit sauter une ligne de chemin de fer). Cependant, l’invasion de la Mandchourie, vaste région du nord-est de la Chine, reste l’élément central d’un sentiment antijaponais qui perdure dans le pays depuis près d’un siècle, même si les relations diplomatiques sont normalisées depuis 50 ans.

Quoi qu’il en soit, le drame a suscité une inquiétude qui s’est fait sentir ces derniers mois dans les entreprises japonaises implantées en Chine. Plusieurs firmes japonaises ont appelé leurs salariés à la prudence. Le groupe Panasonic a même proposé de prendre en charge le rapatriement de familles expatriées inquiètes.

Les tensions ont également atteint le monde économique ces derniers mois. Le point de départ des tensions a été le rejet dans la mer de l’eau de la centrale de Fukushima, décidé par Tokyo en août 2023. Même approuvée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la décision a suscité l’inquiétude en Chine, Pékin accusant son voisin de polluer l’océan et de se moquer de la santé des consommateurs chinois. En représailles, les importations de produits de la mer japonais ont été suspendues, et l’embargo n’a pris fin qu’il y a quelques jours après d’âpres négociations.

Mais les tensions diplomatiques entre Tokyo et Pékin ont aussi et surtout été liées à des questions militaires ces derniers temps. A cet égard, l’été a été mouvementé, sur fond de crise autour de Taïwan. Deux opérations militaires chinoises ont irrité le voisin japonais, avec l’entrée d’un avion de reconnaissance dans l’espace aérien japonais le 26 août et des intrusions de navires chinois dans les eaux japonaises.

En contradiction avec sa tradition pacifiste héritée des ruines de la Seconde Guerre mondiale, le Japon renforce désormais son arsenal de défense, face aux multiples menaces qui pèsent sur la région, qu’elles viennent de Russie, de Chine ou de Corée du Nord. Le gouvernement a décidé, en 2023, de doubler son budget de défense, et de se doter de moyens militaires sans précédent depuis 1945.