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« Le meilleur endroit pour stocker l’eau est dans le sol »

Pourquoi les réservoirs d’eau ne peuvent-ils pas être une solution ?

En tant que scientifique, je ne suis pas opposé par principe aux réservoirs artificiels. Mais avec le changement climatique, il n’est pas du tout sûr qu’on puisse les combler. Cela pose la question de leur utilité. De plus, leur remplissage risque de se faire au détriment des couches situées en dessous. Les promoteurs de ces infrastructures affirment vouloir laisser les aquifères se remplir et ne prélever que le surplus. Mais comment vérifier que cela ne se fera pas au détriment des besoins en eau de la végétation ? De plus, si l’on veut que ces retenues soient financées par les agences de l’eau, donc par l’argent public, des études sont nécessaires pour mesurer leur viabilité dans trente ans. Les scénarios du GIEC peuvent permettre d’anticiper la disponibilité de l’eau : à partir de là, dans certains cas cela peut valoir la peine d’en construire une, et dans d’autres non. Pourtant, on a l’impression que la décision de construire les 16 bassins des Deux-Sèvres a été prise à la hâte, avant d’avoir les résultats des études… C’est inquiétant.

Ces réservoirs entraînent une inégalité d’accès à l’eau, qui est un bien commun. Comment faire en sorte qu’elle soit équitablement répartie et accessible à tous ?

Ces bassins ne pourront être utilisés que par quelques agriculteurs proches qui pourront étendre sans changement leur mode de production. Elle est inégale et insoutenable. Et à partir du moment où ces bassins bénéficieront d’un financement public, leur gouvernance devra être assurée par un établissement public.

Quelles sont les solutions pour remédier au manque d’eau, qui va se répéter et s’amplifier ?

Le meilleur endroit pour stocker l’eau est dans le sol. Il reste frais, ne s’évapore pas et filtre naturellement. Dans un réservoir de substitution, l’eau stockée en surface s’évapore avec la chaleur et peut donner lieu à des proliférations d’algues. Ce que nous pouvons faire, c’est l’aider à s’infiltrer dans le sol. L’autre voie consiste pour les agriculteurs à repenser leur modèle en adoptant des cultures moins gourmandes en eau. Il n’y a pas d’autre solution.

Le traitement des eaux usées peut-il être une réponse ?

L’Italie et l’Espagne réutilisent 10 % ou plus de leurs eaux usées. La France serait à 1 % en raison d’une prudence excessive des autorités sanitaires, qui craignent une contamination. Cet écart s’explique aussi parce qu’en France, nous avons toujours eu de l’eau. De plus, le traitement des eaux usées coûte cher. Sauf qu’avec le changement climatique, il va falloir évoluer sur ce point, notamment pour l’agriculture. Il faudra juste penser que la réutilisation des eaux usées traitées, jusque-là renvoyées dans les rivières, fera baisser le niveau de celles-ci… ce qui posera d’autres problèmes.

Le cycle de l’eau est-il complètement hors d’usage ?

La sécheresse de 2022 n’a pas été pire que celles de 1976 ou 2003, mais le problème est l’enchaînement rapproché de ces phénomènes. Des épisodes extrêmes, il y en a toujours eu. Mais on voit qu’avec le réchauffement – et ça, le GIEC l’avait prédit -, une partie de la France a moins d’eau, subit des sécheresses plus sévères et plus proches.

Gaspillons-nous trop d’eau ?

Il faut faire la part des choses : la plus grosse consommation d’eau en France est pour le refroidissement des centrales électriques, avec de l’eau qui est renvoyée dans les cours d’eau. Cela pose un problème du point de vue de leur température, et donc de la biodiversité. Les constructeurs ont réduit leur consommation à moins de 3,5 km3 par an, contre 6 km3 dans les années 1960. Évidemment, il y a encore des économies à faire. L’agriculture pourrait réduire sa consommation en adoptant de nouvelles techniques d’irrigation plus efficaces et des rotations de cultures moins exigeantes. Restent les villes : elles consomment actuellement 5 km3 par an, avec des seuils de consommation d’eau potable de plus en plus difficiles à réduire. Individuellement, vous pouvez également économiser de l’argent, comme changer les chasses d’eau. Au-delà, je pense que les collectivités locales doivent inciter et aider les usagers à faire des économies, en partant du principe que l’eau la moins chère est celle qui n’a pas été utilisée. Au fond, il faut surtout éviter d’avoir à faire de nouveaux forages, de nouveaux captages, essayer de faire avec ce qu’on a en entretenant mieux les réseaux.


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Cammile Bussière

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