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Le mauvais « pari » qui a coûté de l’or à Lauriane Nolot

À la marina olympique,

Un tonnerre d’applaudissements, puis un silence de mort. La foule venue, nombreuse, jeudi, sur la marina olympique de Marseille pour encourager Lauriane Nolot, grande favorite de la finale de kitesurf aux JO de Paris 2024, s’est complètement figée en voyant sa championne chuter.

Ou plutôt peine à prendre son tour, car en réalité Lauriane Nolot n’est jamais tombée. Contrairement à ce qu’on a cru voir depuis la plage, et même à la télé. « Je ne suis pas tombée, j’ai fait deux tours assez rapidement l’un après l’autre, je pompais mais ça n’avançait pas très vite », a-t-elle aussitôt corrigé lorsqu’on l’a interrogée sur cette chute finalement imaginaire.

Mauvais choix de matériel

Chute ou pas, le mal était fait de toute façon. Et Lauriane n’avait que ses yeux pour voir de loin (elle a terminé dernière de cette ultime épreuve) sa principale concurrente, la Britannique Eleanor Aldridge, remporter l’or.

L’erreur de Lauriane Nolot, et l’énorme déception qui a suivi, a finalement commencé bien plus tôt, hors de l’eau. Lorsqu’elle a choisi le plus grand kite, c’est-à-dire l’aile, disponible au moment de partir en compétition, le 21 m2, contrairement aux Britanniques qui ont choisi le 15 m2. « L’Anglaise nous a surpris. On ne l’a pas encouragée à prendre un plus petit, l’Anglaise était seule avec le 15 m2, c’était le bon choix. »

« Le vent marseillais nous a encore joué des tours »

Après avoir pris conscience de son erreur, et de la plus grande vitesse de sa concurrente, Lauriane Nolot s’est précipitée sur la plage pour changer d’aile, juste avant le départ de la 2ème manche. Sauf que les conditions en ont décidé autrement, à cause de la chaleur emmagasinée par la ville de Marseille. Un phénomène bien connu depuis le début de la semaine, comme nous l’a expliqué le météorologue de l’Equipe de France.

« Encore une fois le vent marseillais nous a joué des tours. C’est hyper frustrant. J’ai voulu rentrer et plus je m’approchais, moins il y avait d’air, j’ai vu les autres mettre leurs cerfs-volants dans l’eau. J’ai compris que ça ne sentait pas bon », n’a pu que déplorer celle qui n’a décidément pas Marseille dans son cœur.

« Ce plan d’eau est frustrant, mais c’est le jeu des jeux. Aux championnats du monde, le comité aurait sûrement été plus conciliant pour faciliter le changement d’aile. Mais avec la pression des médias et de la télévision, ils ne pouvaient plus attendre », a ajouté son entraîneur, Ariane Imbert, au moins aussi déçue que sa championne.

« Je serai toujours un peu déçu »

Car Lauriane est certaine qu’avec une aile de 15m2, elle aurait pu lutter à armes égales avec sa concurrente qui raffole simplement d’un vent plus léger. « Après, je ne vais pas incriminer le vent. Elle a fait le pari et c’est ce qu’il fallait faire. J’aurais pu le faire aussi, il faut que j’apprenne à jouer plus au poker, à me jeter dans le bain », a-t-elle néanmoins voulu dédramatiser.

C’est difficile de savourer une médaille d’argent, à cause d’un mauvais choix de matériel et de conditions changeantes, même si tout le monde est logé à la même enseigne. Surtout quand on est double tenant du titre et qu’on ne visait que l’or : « Je serai toujours un peu déçu, ça n’est pas arrivé de beaucoup. Je n’avais pas le contrôle sur tout, c’est ça qui est décevant. Mais je finirai par apprécier cette médaille d’argent. C’est quand même une belle médaille même si je ne suis pas venu pour ça. »

« Je me dis : ‘Lauriane, arrête d’être déçue.’ »

Toute sa famille est venue la soutenir depuis le département voisin du Var, et la grande famille de la voile n’a pas semblé prendre en compte ce mauvais choix à son arrivée. Ils étaient tous là pour la féliciter et sécher ses larmes. « Bien sûr, en voyant que tous les Français sont super contents, je me dis « Lauriane, arrête d’être déçue ». J’ai eu une chance supplémentaire de disputer mes premiers Jeux Olympiques en France », a-t-elle fini par savourer, avec un semblant de sourire.

En France, oui, à Marseille, moins, semble-t-il. Car elle a quand même sorti une dernière petite disquette sur la ville, histoire de boucler la boucle : « Sur un plan d’eau où il y aura plus de conditions, on pourra mieux montrer de quoi sont faits les Français ». On espère donc qu’elle aura du vent à Los Angeles dans quatre ans.

Cammile Bussière

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