Pour le moment, ce n’est qu’un très petit point lumineux dans l’univers. Il a été détecté pour la première fois en décembre dernier. D’où son nom: 2024 Yra. Depuis lors, tous les télescopes ont été sur lui. Parce que cet astéroïde pourrait bien menacer la terre.
La NASA et l’Agence spatiale européenne ont estimé un peu plus d’une chance sur cent que la trajectoire de 2024 YRA traverse notre planète. Il s’agit précisément du seuil fixé par le réseau international d’alerte d’astéroïdes pour sonner l’alarme.
Réunion d’urgence
Patrick Michel, directeur de la recherche au CRNS et astrophysicien de l’Observatoire de la Côte d’Azur, est l’un des membres de cette communauté scientifique qui examine le ciel pour l’empêcher de tomber à nos têtes un jour.
« Nous devons simplement réunir la semaine prochaine à Vienne. 2024 YRA sera évidemment l’un des sujets sur la table. Nous déciderons alors si nous devons faire des recommandations à l’ONU »explique le joli chercheur.
Parce que la menace est prise très au sérieux. Il a déjà fait l’objet d’une réunion du réseau d’alerte à la demande de l’American Space Agency. « Le matin, la NASA nous a appelés et le même soir, nous étions tous à Visio »accueille Patrick Michel qui y voit la démonstration du « Coordination parfaite » De ce réseau d’alerte dont il est l’un des instigateurs.
La défense planétaire est son domaine. Il a notamment participé à la mission DART qui, en 2022, a tenté de déviation d’un astéroïde. Parce que Patrick Michel le sait mieux que quiconque, « Peut-être pas à l’échelle de notre vie, mais une journée viendra quand un astéroïde menacera la terre ».
Quelques mois pour spécifier votre trajectoire
Patrick Michel, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte d’Azur.Photo par exemple.
2024 Yra pourrait être celui-ci? Il est encore trop tôt pour le dire. Surtout, il sera nécessaire de spécifier sa trajectoire. « Il faut comprendre que pour le moment, la marge d’erreur est équivalente à la distance qui sépare la terre de la lune »décrypte le joli chercheur.
Même sa taille est encore imprécise. « Nous pensons que c’est entre 50 et 100 mètres de diamètre »,, continue l’astrophysicien qui croit que nous pourrions en savoir plus dans les prochains jours, compte tenu de l’attention de 2024 YRA.
Si les yeux sont actuellement sur lui, c’est surtout parce que cet astéroïde disparaîtra bientôt des radars. « Nous n’avons que jusqu’en avril pour l’observer et spécifier nos calculs. Ensuite, son orbite le ramènera à la ceinture d’astéroïdes. Il sera alors nécessaire d’attendre jusqu’en 2028 pour le revoir »explique Patrick Michel.
Il suffit de dire qu’une éventuelle collision avec la Terre n’est pas pour demain. « Cela n’aura pas lieu avant décembre 2032. Si cela se déroule. Mais si nous ne profitons pas de la fenêtre d’observation actuelle, nous ne saurons probablement pas avant 2028. Pour faire seulement 4 ans avant un impact potentiel. »
« S’il tombe sur la capitale, Paris y passe »
Qui en soi ne fait plus peur à ce spécialiste: « D’ici là, la probabilité que cet astéroïde traverse la Terre peut avoir été ramené à zéro. Même si les calculs ont été maintenus à 1% de chances, cela signifie toujours qu’il y a 99% de chances que cela ne se produise pas. » Et si les pourcentages étaient inversés? « Nous ne devons pas oublier que la Terre est particulièrement recouverte d’eau et de déserts. Il est donc moins probable qu’une zone habitée est menacée. Et même si nous ne le déterminons que 4 ans auparavant, il est en fait du temps qu’il a fallu pour préparer la fléchette mission.
Parce qu’il sera nécessaire de réagir! La dernière fois qu’un astéroïde de cette taille est entré dans notre atmosphère, c’était en 1908 en Sibérie, dans la forêt de Tunguska. Les arbres s’étaient retrouvés allongés sur 2 000 km2!
« Le 15 février 2013, le même jour, nous avons défendu notre groupe de travail sur la surveillance des astéroïdes devant l’ONU, l’un des 17 mètres est tombé au-dessus de la Russie. Il y avait eu mille blessées »Rappelle Patrick Michel.
Une anecdote que le gentil astrophysicien dit dans son livre Pour rencontrer des astéroïdes, Et qui spécifie l’étendue de la menace. « Un astéroïde de 50 mètres qui tombe au-dessus de la capitale et c’est Paris qui s’y passe. S’il est de 100 mètres de diamètre, les dommages seront mesurés à l’échelle d’une région entière. »