En écho à la croissance de 0,3%, légèrement supérieure aux attentes au deuxième trimestre 2024, le retournement redouté de l’emploi n’a pas encore eu lieu. Le nombre d’emplois salariés, selon les données provisoires publiées mardi 6 août par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), est resté stable (+ 0,0%) au deuxième trimestre, après avoir augmenté de 0,3% sur les trois premiers mois de l’année (+ 61.100 emplois).
Sur un an, de juin 2023 à juin 2024, l’économie française a donc créé 78.000 emplois au total, précise l’Insee. Elle compte 1,2 million d’emplois de plus dans le secteur privé qu’avant la crise sanitaire. « L’emploi s’inscrit dans une tendance claire de ralentissement : en 2023, il a augmenté de 0,1% par trimestre, soit bien moins qu’en 2022, où la hausse avait été de 0,4%.résume Yves Jauneau, chef de la division synthèse du marché du travail et conjoncture économique à l’Insee. Mais il n’y a aucun signe de retournement de situation sur le marché du travail pour le moment.
Après avoir eu les yeux rivés sur les chiffres de l’inflation, les économistes surveillent désormais avec acharnement ceux de l’emploi et du chômage. Dans ses prévisions du 10 avril, l’Observatoire français de la conjoncture économique (OFCE) prévoyait même une « faire demi-tour » du marché du travail cette année, liée à la faible croissance de l’activité. Les entreprises, qui ont embauché massivement après la pandémie, devraient également chercher à retrouver progressivement leur productivité qui s’essoufflait. Si le retournement n’a pas eu lieu, le ralentissement actuel de l’emploi correspond donc bien à une « normalisation » attendu, souligne Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prospective de l’OFCE.
Consommation au ralenti
Dans le détail, l’évolution de l’emploi entre avril et juin reflète la situation économique : la construction, pénalisée par la crise immobilière, a connu son sixième trimestre consécutif de baisse. Le nombre d’emplois du secteur a diminué de 0,4 % au deuxième trimestre, soit 6 400 emplois perdus. Mais, M. Jauneau remet les choses en perspective, « Les effectifs y restent 6% supérieurs à ce qu’ils étaient avant la crise sanitaire »L’emploi temporaire, dont la construction est un grand consommateur, connaît également son sixième trimestre consécutif de baisse, avec une baisse de 2,7% des effectifs. Contrairement à ce qui est observé dans la construction, l’emploi temporaire est désormais retombé en dessous de son niveau d’avant-crise.
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