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Le marché du piano s’effondre en Chine, reflet des luttes de la classe moyenne : « Nous préférons être prudents »

Le marché du piano s’effondre en Chine, reflet des luttes de la classe moyenne : « Nous préférons être prudents »
Une usine de pianos à Yichang, dans la province chinoise du Hubei, le 23 novembre 2021.

Monsieur et Madame.moi Yao a le temps de se divertir : les propriétaires de Girod, une petite usine de pianos de Luoshe, un comté rural de la municipalité de Huzhou, à l’ouest de Shanghai, ont décidé d’arrêter la production cet été. Depuis le début de l’année 2024, les commandes fondent et les stocks gonflent. Le couple préfère les vendre – quelques dizaines de pianos droits aux finitions noires, blanches ou bois, stockés dans un hangar en tôle, en attendant des jours meilleurs.  » (En 2023)C’était déjà dur, mais cette année, les ventes sont vraiment mauvaises. Notre voisin a fermé, comme tant d’autres à Luoshe. Plusieurs dizaines de fabricants ont cessé leur activité, estiment-ils.

Longtemps symbole de statut pour les familles de la classe moyenne, au point de faire de la Chine le premier marché mondial du piano, le prestigieux instrument n’a plus la cote. Il est désormais victime de la morosité économique ambiante. De fait, la consommation n’a jamais vraiment redémarré depuis la fin de la politique zéro Covid début 2023, sur fond de crise immobilière. Les ménages n’ont plus confiance en l’avenir et évitent les achats non essentiels. D’autres changements touchent particulièrement le piano : depuis une réforme de l’éducation en 2021, les jeunes musiciens talentueux n’ont plus droit à des points supplémentaires pour entrer à l’université.

En début d’année, la situation des deux principaux constructeurs chinois, Hailun et Pearl River, a révélé au grand public l’ampleur de la crise. Au premier trimestre, le chiffre d’affaires des deux groupes cotés à la Bourse de Shenzhen a chuté d’environ 40 % sur un an et ils ont enregistré des pertes. « On voyait que les choses allaient mal, mais ça a été un choc. »« C’est une affaire de famille », confie Deng Shurou, 27 ans, professeur de piano à Shanghai. La jeune femme a quitté une école privée il y a un an pour se lancer seule et ne le regrette pas. En effet, la chaîne d’écoles qui l’employait, Roland Music, a fait faillite fin juillet.

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Depuis, elle peine à trouver des élèves. Baisse de la natalité, ralentissement économique, réforme scolaire : elle énumère les facteurs négatifs, mais tient surtout à souligner les changements sociaux. « Depuis la fin de la période Covid, les familles partent plus souvent en vacances ou en week-end. Cela signifie moins de temps pour les cours. De nombreux enfants abandonnent également l’école parce qu’ils n’aiment pas ça. Les parents sont plus attentifs à ce que ressentent leurs enfants que pour ma génération. »note l’enseignante, qui reçoit dans son petit appartement du centre de Shanghai, où trône un piano droit d’une marque japonaise. Pour arrondir ses fins de mois, elle a tenté d’autres activités, comme vendre des bijoux sur un stand devant un centre commercial. Sans grand succès.

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