Le 14 novembre 2023, les juges d’instruction français ont émis un mandat d’arrêt visant le président syrien Bachar Al-Assad ainsi que trois autres hauts responsables de la sécurité syrienne, dont le frère du chef de l’État, Maher Al-Assad, chef de la Quatrième Division, une unité d’élite de l’armée, ainsi que deux généraux, Ghassan Abbas et Bassam Al-Hassan. Il s’agissait d’une première judiciaire : jamais auparavant un système judiciaire national – et non international comme la Cour pénale internationale de La Haye – n’avait émis de mandat d’arrêt contre un chef d’État en exercice. Le président syrien est accusé de complicité de crimes contre l’humanité pour des attaques chimiques menées en Syrie en août 2013 contre des civils.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris doit examiner, mercredi 15 mai après-midi à huis clos, la validité de ce mandat d’arrêt visant le président syrien, à la demande du Parquet national antiterroriste (PNAT), compétent en la matière. de crimes contre l’humanité. Le PNAT considère que « la délivrance de ce mandat soulève une question juridique fondamentale concernant l’immunité rationnelle (qui concerne les actes accomplis à titre officiel) dont bénéficient les chefs d’État. Il souhaite « voir cette question tranchée par un tribunal supérieur ». En effet, la demande du PNAT aboutit à une demande d’annulation, demande qui sera défendue mercredi à l’audience par le parquet général. Les trois autres mandats d’arrêt ne sont pas couverts par la demande.
Pour les parties civiles, cette demande d’annulation est autant une question de droit que de politique : on craint fortement, notamment au ministère des Affaires étrangères, de créer un précédent et d’ouvrir la porte à une forme de réciprocité, qui verrait La justice étrangère émet des mandats d’arrêt contre le président français. Les parties civiles estiment que la position du PNAT est une « aberration » dans la mesure où cela revient à protéger un accusé contre les intérêts des victimes.
« La fonction de président ne doit pas servir de rempart »
Cette demande « Entrave les efforts extraordinaires des victimes et des survivants en quête de justice et de réparation »estime dans un communiqué commun 65 ONG et associations, dont plusieurs parties civiles dans cette affaire. « Il est désormais temps de remettre en question l’immunité personnelle de l’actuel chef de l’Etat à l’égard des crimes internationaux » et la France doit « envoyer un message ferme au monde : l’usage d’armes chimiques est interdit et tous les auteurs de ces crimes seront traduits en justice »estime le communiqué. « La fonction de président ne doit pas servir de rempartestime Mazen Darwish, fondateur et directeur général du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM), qui est l’une des quatre ONG admises comme partie civile. Cela est essentiel pour préserver la sécurité et la paix dans le monde. »
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