P.Pourquoi portez-vous cette plainte pour dénonciation calomnieuse contre la Fédération française de rugby (FFR) ?
« Ce n’est pas au président de la FFR d’imposer la justice »
Aujourd’hui, nous sacrifions un homme, nous le clouons au pilori, nous l’accablerons de tous les maux. On note que Florian Grill, le président de la FFR, a rappelé lors de son déplacement en Argentine cet été (dans le cadre de l’affaire Jegou-Auradou, NDLR) un principe fondamental de notre droit qui est la présomption d’innocence. Visiblement, ici, concernant Stéphane Cambos, il l’a oublié. Pour autant, ce n’est pas au président de la FFR de faire valoir la justice.
Donc l’enquête est orientée, à votre avis ?
C’est plus qu’orienté ! En fait, cette enquête n’en est pas une. Lorsque nous menons des enquêtes liées à une tragédie comme celle-ci, nous inspectons tout ce qui n’a pas fonctionné. Le président de la FFR raconte n’avoir pas pu se rendre au chevet de la famille en Afrique du Sud. En vérité, il fallait sauver l’image de Private Grill. Plus grave : un enfant a disparu. Sa famille attend la vérité et ce n’est pas une somme de mensonges qui fait la vérité. On le voit à travers le rapport de la FFR qui n’aborde pas les sujets qui fâchent.
« On aurait dit à Stéphane Cambos, face à ses réticences, ‘tu es trop prudent’ »
Quels sont ces sujets en colère ?
Stéphane Cambos, qui se voit confier le titre de manager de l’équipe de France U18, a été informé la veille ou l’avant-veille de sa nomination et de son départ pour l’Afrique du Sud. Ceci sans la moindre lettre de mission qui encadre ses fonctions. Il a découvert par la suite l’existence d’un ordre de mission qui n’a pas été soumis à sa signature et dans lequel il est écrit que les questions de sécurité relèvent de la responsabilité de son supérieur hiérarchique, le DTN (directeur technique national). .
Le rapport reste flou sur les circonstances du drame du 7 août. Qu’en dit votre client ?
Il faut d’abord se demander qui a établi le programme de cette tournée. Il est réalisé par la fédération avec le tour opérateur. Le 5 août, une réunion a eu lieu entre le staff et le tour opérateur pour discuter du programme des deux jours suivants. Certaines personnes ont lancé l’idée de faire une séance de récupération dans l’eau. Ce qui a été enregistré et noté dans le planning auquel la FFR a accès via le partage informatique : la séance aurait dû avoir lieu à la fin de l’excursion à l’hôtel. Y a-t-il un élément objectif dans le dossier assurant que le gestionnaire a donné un ordre contraire au programme ? Non.
On lui aurait dit à Stéphane Cambos, face à ses réticences, « tu fais trop attention ». Un point sur lequel le rapport ne s’attarde pas : Stéphane Cambos et Robin Ladauge, le préparateur physique, sont au même niveau hiérarchique, ils sont tous deux cadres techniques nationaux, et n’ont aucune dépendance hiérarchique l’un par rapport à l’autre. – visser l’autre. Si le préparateur a décidé, et c’est l’enquête pénale qui devra le déterminer, de prendre des latitudes avec le programme établi, c’est sa responsabilité.
« Si la natation s’arrête quand Stéphane Cambos intervient, c’est qu’il n’était pas d’accord avec ce qui s’est passé »
Où était Stéphane Cambos lorsqu’il s’est lancé à l’eau à Dias Beach ?
Stéphane Cambos n’a jamais emmené ses jeunes à la plage. Les seuls qu’il a supervisés étaient ceux qu’il avait emmenés au phare de Cape Point. Cette vérité n’apparaît nulle part. Pourtant, c’est lorsqu’il a constaté que la baignade avait été organisée à son insu qu’il s’est rendu à la plage. C’est à ce moment-là que le préparateur physique et ceux qui étaient autour ont arrêté cette séance. Là encore, cela n’apparaît pas dans le reportage : si la baignade s’arrête lorsque Stéphane Cambos intervient, c’est qu’il n’était pas d’accord avec ce qui s’est passé.
On connaît la suite : lorsqu’il sort de l’eau, il constate que deux jeunes sont en grande difficulté. On lui reproche de ne pas s’être jeté à l’eau, de ne pas y être allé. Quand vous avez des jeunes dans l’eau à 20 mètres, soit vous êtes sauveteur avec le matériel adapté, soit vous faites comme Stéphane Cambos et vous vous dépêchez d’aller au poste de secours et de donner l’alerte. Les déclarations de Stéphane Cambos ont été totalement ignorées. Ce rapport est insignifiant et scandaleux. Autre question sans réponse : comment les personnes qui prenaient des photos de la baignade depuis la plage ne sont-elles pas intervenues pour l’arrêter ? Pourquoi cela n’est-il pas inclus dans le rapport ? Encore une fois, nous ne disons pas la vérité à la famille de Medhi Narjissi.
« Dans une structure normale, qui est pénalement responsable ? Ce n’est pas l’employé, c’est le patron. »
Vous êtes très dur envers la FFR…
Elle a cherché à apporter son soutien au ministère des Sports afin qu’il puisse prendre des sanctions. Dans son rapport, la FFR s’interroge sur les conditions d’organisation de cette séance tout en indiquant que Stéphane Cambos était conscient des dangers de Dias Beach. Cela revient à le désigner comme responsable de la disparition de Medhi Narjissi. C’est ce qu’on appelle une exécution. C’est insoutenable. Comment peux-tu écrire une chose pareille ? Dans une structure normale, qui est pénalement responsable ? Ce n’est pas l’employé, c’est le patron.