« Ton lavéTu le préfères sucré ou salé ? Blague à part, il semble que les roches en fusion provenant des entrailles de notre planète acquièrent leur « saveur » chimique lorsqu’elles remontent vers la surface.
Ainsi, quel que soit le lieu – appelé « point chaud » – où il monte en panaches, le magma proviendrait d’un réservoir commun situé au niveau du manteau terrestre, selon un chercheur de l’Université de Colombie-Britannique (Canada) et son collègue du Musée suédois d’histoire naturelle, auteurs d’une étude publiée dans la revue Nature Geosciences le 19 septembre 2024.
« À certains égards, les laves de la Terre ressemblent un peu à l’humanité elle-même : une population merveilleusement diversifiée avec un ancêtre commun, qui s’est développé différemment partout où elle est allée. »compare dans un communiqué Matthijs Smit, professeur au département des sciences de la terre, de l’océan et de l’atmosphère à l’Université de la Colombie-Britannique.
Même onze de départ ?
Le manteau terrestre est une couche située entre la croûte océanique ou continentale (70 kilomètres de profondeur) et le noyau terrestre (2 885 km), composée de matériaux fondus et semi-fondus représentant environ 84 % du volume de la planète.
Inaccessible aux géologues, ils doivent donc l’étudier en analysant les éléments traces ainsi que les « isotopes », les versions plus ou moins lourdes des atomes, composant la lave éjectée par les volcans océaniques du monde entier.
En supposant que la composition isotopique du magma ne change pas entre sa source et la surface, les différences majeures observées dans la composition de ces laves impliquent que le manteau contient nécessairement des réservoirs distincts d’âges différents, situés dans des régions différentes et formés par des processus différents.
Mais si l’on en croit les résultats de la nouvelle étude, la réalité pourrait être bien différente. « Nous avons pu discerner les effets chimiques des différents processus qui agissent sur les magmas en fusion en route vers la surface, et nous avons découvert que toutes les laves des points chauds ont en fait la même composition de départ. »explique le professeur Smit. En d’autres termes :
Les laves ne sont différentes que parce que les magmas interagissent avec différents types de roches à mesure qu’ils s’élèvent.
Recherche géochimique mondiale
Or, la connaissance de la composition du manteau est essentielle pour comprendre comment notre planète s’est formée, soulignent les auteurs. Elle pourrait également nous donner des indices sur le comportement de cette couche terrestre (notamment le phénomène de convection), sur la façon dont elle détermine la tectonique des plaques et enfin sur son rôle dans le cycle global des éléments.
Car contrairement à celles des points chauds océaniques, les laves basaltiques des continents portent en elles des « kimberlites diamantifères », c’est-à-dire des roches volcaniques chargées de diamants.
Si confirmé par la communauté scientifique, le nouveau modèle « expliquer les observations de manière simple » tout en permettant « une myriade de nouvelles hypothèses pour la recherche géochimique mondiale dans le futur »déclare le Dr Ellen Kooijman du Musée suédois d’histoire naturelle.
GrP1