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le M23 avance dans le Nord-Kivu livré à lui-même

► Que se passe-t-il dans l’est du Congo ?

Trente ans après le génocide des Tutsis au Rwanda, les combats meurtriers s’intensifient dans l’est du pays, dans la région du Nord-Kivu. Ils s’opposent d’un côté aux forces congolaises et de l’autre à une nébuleuse de milices armées dirigées par le mouvement M-23.

Depuis trois décennies, le conflit a alterné entre périodes de calme et de fortes tensions, certains épisodes faisant des dizaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés. Début février, le conflit s’intensifie. Une offensive menée par les rebelles du M23 a permis aux milices d’encercler Goma, la capitale régionale, poussant plus de 150 000 personnes à l’exil selon l’ONG. Sauver les enfants. Les affrontements de longue durée ont entraîné le déplacement interne de plus de sept millions de personnes selon un rapport de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) publié en octobre 2023.

► Quel est le rôle du Rwanda ?

« Le Mouvement du 23 mars », ou M23, créé en 2012, compterait dans ses rangs plus de 2 500 membres à majorité tutsie. Le président congolais Félix Tshisekedi accuse ce groupe armé d’être soutenu financièrement et matériellement par le Rwanda.

La France a récemment demandé à Kigali de « cesser tout soutien au M23 et se retirer du territoire congolais ». Washington s’est joint à l’appel, condamnant les violences perpétrées dans la région du Nord-Kivu. Selon le gouvernement congolais, le Rwanda cherche à s’emparer des minerais congolais dans une région qui produit l’essentiel du coltan mondial.

Au-delà de la dimension économique, les conflits ethniques entrent également en considération. À l’été 1994, près d’un million de réfugiés hutus rwandais, poussés par la peur des représailles des nouvelles autorités de Kigali, se sont réfugiés au Kivu. Même si un grand nombre d’entre eux ont fini par rentrer au Rwanda, la présence depuis trente ans d’extrémistes hutu dans cette province est perçue par le régime de Kigali comme une menace. De son côté, le M23 affirme lutter pour la défense des populations tutsi congolaises. L’ombre du génocide plane toujours sur les relations entre les pays de la région des Grands Lacs.

► Quels acteurs potentiels pour un accord de paix ?

Face à ce conflit, la communauté internationale reste silencieuse. Le 28 février 2024, la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO), présente depuis plus de 20 ans, entame son retrait de la région. Face à des résultats jugés insuffisants, les autorités congolaises ont demandé son départ, avec le soutien d’une partie de la population.

Peu d’acteurs sont prêts à s’engager dans la résolution du conflit. L’Angola a été désigné par l’Union africaine pour jouer le rôle de médiateur entre Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame. L’Union européenne, de son côté, reste silencieuse. Loin de prendre des sanctions contre Kigali, l’UE a même signé en février 2024 un protocole d’accord avec le Rwanda sur l’exploitation des minerais.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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