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Le long voyage des invendus alimentaires à la digestion anaérobie

Après avoir évoqué hier les incertitudes quant à la contribution des véhicules électriques à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, nous abordons aujourd’hui l’empreinte carbone cachée de certaines énergies qualifiées de renouvelables. C’est notamment le cas des produits alimentaires retirés des rayons avant d’atteindre la date de péremption et finalement utilisés en méthanisation.

Publié le 7 juin, un communiqué commun de France Gaz et FEDEREC plaidait en faveur des énergies renouvelables d’origine végétale. La structure France gaz précise qu’elle « élabore et gère l’ensemble des normes de l’industrie française du gaz et des combustibles dans les domaines de la sécurité environnementale et de l’efficacité énergétique des infrastructures et des usages du gaz en France ». Le sigle FEDEREC désigne la « Fédération professionnelle du recyclage ». entreprises qui regroupe 1 300 établissements dans le domaine de la collecte, du tri et de la valorisation des déchets industriels et ménagers ».

Dans leur communiqué commun du 7 juin, ces deux structures indiquent que « le secteur gazier, qui fête cette année ses 150 ans, a réuni ce jeudi 6 juin pour son congrès annuel l’écosystème des décideurs énergétiques pour faire avancer collectivement la changements nécessaires dans le secteur. La journée a été marquée par la signature par France Gaz de 3 partenariats stratégiques avec l’Egyptian Gas Association, la fédération des acteurs du recyclage FEDEREC ainsi que l’institut Rexecode. Des accords qui concrétisent l’engagement du secteur à soutenir les multiples voies qui mènent à la décarbonation », ajoute la déclaration.

Beaux mots et gros gaspillage

C’était trois jours avant l’annonce d’une hausse de 11,7% en moyenne du prix du gaz au 1euh juillet par la Commission de régulation de l’énergie. Mais ce sujet n’a pas été évoqué dans les trois pages du communiqué commun de France Gaz et FEDEREC. Le président de France Gaz, Jean-Marc Leroy a néanmoins osé déclarer : « Nous voulons faire du prochain projet de loi de finances un moment fort de la refonte de notre fiscalité énergétique. Nous proposons d’exonérer les consommateurs de gaz vert du droit d’accise. Nous proposons enfin l’instauration d’une TVA réduite pour les offres commerciales incluant 50% de biométhane, comme cela existe pour les consommateurs de chaleur renouvelable (…) Nous soutenons les efforts de simplification du gouvernement qui se traduiront sur le terrain par la loi éponyme. Les projets de méthanisation font parfois l’objet de manœuvres dilatoires sur le terrain, comme dans l’ensemble du monde de l’énergie, qui font peser une grande insécurité juridique pour certains d’entre eux. Nous soutenons donc l’initiative des sénateurs de créer, comme dans l’électricité, un fonds de garantie, pour soutenir les investisseurs et faciliter la réalisation des projets.

Le long voyage du transport des déchets

Puisque ce gaz est issu de la fermentation des plantes et qu’il est également possible de le transformer en électricité, il nous est présenté comme renouvelable et écologique à la fois. Mais est-ce suffisant pour en faire une source d’énergie à faibles émissions de CO2 ? Le 10 juin, à 21 heures, l’émission de France 5, intitulée « Sur le front », consacrait son premier sujet au trajet emprunté par un camion. Il avait chargé à Clermont-Ferrand des légumes, des fruits et d’autres produits alimentaires périmés dans la grande distribution pour les acheminer vers un site de méthanisation situé à des centaines de kilomètres de là, dans le département du Rhône.

L’empreinte carbone de l’opération ne se limite pas au très long trajet entre la collecte des invendus alimentaires et leur transformation en gaz qui devient ensuite électricité. Le rapport montre également comment fonctionne la stratégie des grandes marques. Pour gagner des parts de marché les uns contre les autres, ils maintiennent en magasin une offre très abondante et diversifiée. En conséquence, de nombreux produits atteignent leur date de péremption et sont retirés des rayons.

Une partie est reversée à des associations caritatives pour nourrir les ménages les plus pauvres. Mais ceux-ci contribuent à réduire les visites en magasin de certains clients. C’est pourquoi certains gérants de magasins préfèrent remplir les bacs que des camions comme celui de Clermont-Ferrand videront pour acheminer la marchandise retirée des rayons vers une unité de méthanisation éloignée. Si les plantes sont les plus nombreuses à finir dans les nouvelles chambres à gaz du XXIe siècle, le reportage de France 5 montre aussi que c’est souvent le cas de nombreux plats préparés avec de la viande, voire du poisson importé.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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