« Je pense qu’il aurait aimé ce livre dans sa dimension provocatrice », a-t-il déclaré au Progrès Ce dimanche soir, Marie Zizza-Lalu, qui a publié un portrait sans concession du chef, Bocuse malgré moi (Ed. Stock, 20,90 euros, sortie le 18 septembre).
Paul Bocuse : le chef est le fer de lance de ce qu’on appelait alors la « gastronomie moderne ». Il est adulé par les cuisiniers, professionnels et amateurs, du monde entier. Non seulement pour ses plats, mais pour son image de bon vivant, français et fier de l’être. Ses histoires d’amour ont été particulièrement controversées.
« Sans cette personnalité, il n’y aurait pas eu cet impact »
Marié en 1946 à Raymonde Duvert – dont naîtra une fille, Françoise –, Paul Bocuse n’a eu aucun mal à se déclarer polygame. Il a vécu en parallèle d’amours passagères et a développé deux autres familles : l’une avec Raymone dès les années 1960 – dont est né Jérôme, chef aujourd’hui à la tête du groupe –, l’autre à partir de 1971 avec Patricia Zizza. C’est la fille de cette dernière, Eve-Marie Zizza-Lalu, qui raconte son enfance difficile avec ce beau-père particulier.
« Je veux que cela soit connu, je veux le dire. Je suis la fille de la femme avec laquelle il n’a jamais vécu. La fille de la femme qu’il a fait souffrir », écrit-elle dans son livre.
« Sa mégalomanie lui a permis d’élever son image au plus haut niveau et de mettre en lumière toute une profession », soutient-elle. Progrès« Sans cette personnalité, il n’y aurait pas eu cet impact. Le revers de la médaille, c’est qu’on ne peut pas construire des empires sans laisser des cendres derrière soi. Bocuse le Grand a fait du mal. »
Relations conflictuelles
Son livre raconte son enfance, rendue difficile par une mère souvent en déplacement pour le groupe et un Bocuse avec lequel elle a eu une relation conflictuelle. Elle précise cependant : « Détruire le mythe n’est pas ma volonté. On pourrait penser qu’il s’agit d’un règlement de compte, d’une attaque frontale. Absolument pas. (…) Je n’ai pas le sentiment de faire des révélations. »
« Il y avait chez moi une dichotomie entre l’enfant en révolte et l’adulte qui comprenait la dimension du personnage, qui comprenait aussi ce qui se passe entre un homme et une femme engagés dans une passion dévorante. » Il lui faudra attendre d’être adulte pour comprendre les relations complexes entre sa mère, en souffrance, et le chef. Patricia Zizza a continué à travailler pour le groupe Bocuse. « Elle a arrêté il y a six mois, à plus de 80 ans. »
Son « ennemi d’enfance »
Si aujourd’hui Eve-Marie Zizza-Lalu est la directrice éditoriale de magazines culinaires (Annuaire gourmand, gourmandise Et Les Petits Plats de Laurent Mariotte), elle a également travaillé dans le groupe Bocuse. En 2005, il la présente comme sa biographe officielle, « une manière de montrer qu’il a réussi à gagner mon affection ». Mais les relations restent tendues avec son « ennemi d’enfance ».
Paul Bocuse est décédé le 20 janvier 2018. La légende raconte que ses derniers mots auraient été le prénom de Patricia, la mère d’Eve-Marie.
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