Le Liban menacé par un bouleversement démographique majeur
ENQUETE – Avec 1,5 million de Syriens sur son territoire, pour une population totale de 5,5 millions d’habitants, le pays du Cèdre détient le record mondial d’accueil de réfugiés. Combiné à l’exode de ses propres ressortissants, le phénomène pourrait changer la face du pays.
Beyrouth
L’annonce, le 2 mai, d’une aide européenne d’un milliard d’euros sur quatre ans au Liban a paradoxalement suscité un tollé. Elle a placé la question des réfugiés syriens au centre du débat, illustrant jusqu’à la caricature l’incapacité de ce petit pays méditerranéen à gérer des dynamiques migratoires qui le dépassent. L’afflux de Syriens au Liban s’est tellement accru que la structure démographique du Pays du Cèdre s’en est trouvée perturbée. Si la tendance se poursuit sans correction, d’ici quinze ans, seulement un peu plus de la moitié de la population résidant à l’intérieur des frontières libanaises sera libanaise. C’est le verdict d’une récente étude de l’économiste et ancien ministre Charbel Nahas, qui compare pour la première fois les chiffres concernant deux types de phénomènes : d’une part, l’effet cumulé de l’émigration des Libanais, accélérée depuis la crise de 2019. et, de l’autre, celle de l’arrivée de Syriens au Liban, fuyant le conflit ou la répression…