Il lui faudrait trouver jusqu’à 40 milliards de livres (48 millions d’euros) par an d’ici 2024, selon la presse et les économistes.
Plus d’impôts et moins de dépenses, contre la promesse d’un Royaume-Uni prospère: le gouvernement travailliste de Keir Starmer présente mercredi 30 octobre son premier budget depuis son arrivée au pouvoir en juillet, un exercice aussi risqué que décisif pour la suite du mandat.
C’est à la chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, qu’incombe la lourde tâche d’assumer les choix gouvernementaux, déjà décrits comme « douloureux »à partir de 12h30 (13h30 en France) face à la Chambre des Communes. Cette présentation constitue un moment charnière pour le gouvernement travailliste, attendu de toutes parts par l’opposition, les entreprises et les Britanniques, et dont la popularité est déjà au plus bas.
Selon la presse et les économistes, il lui faudra trouver jusqu’à 40 milliards de livres (48 milliards d’euros) par an d’ici 2030 pour éviter un retour à l’austérité, le tout avec une dette publique colossale – 100 % du PIB.
« Meilleurs jours »
« Pendant trop longtemps, nous avons prétendu que nous pouvions réduire les impôts et dépenser davantage dans les services publics. Nous ne pouvons pas »Le Premier ministre Keir Starmer a lancé lundi une attaque frontale contre les conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans. « Il faut être réaliste ».
Sa promesse : redresser les finances publiques sans toucher aux impôts publics. « des gens qui travaillent »Avant « meilleurs jours ». Augmentation de l’impôt sur le capital, réforme des droits de succession, mais surtout augmentation des cotisations patronales : les fuites abondent dans la presse depuis des semaines, suscitant l’inquiétude des Britanniques.
N’importe quelle recette, toute économie est bonne à prendre. L’augmentation de la TVA sur les écoles privées, une taxe sur les bénéfices exceptionnels des sociétés d’énergie, le plafonnement du ticket de bus à 3 livres contre 2 livres actuellement, ainsi que la fin du chèque énergie pour des millions de retraités ont déjà été actés. . Cette dernière décision, source d’économies significatives, suscite depuis des semaines les critiques des Tories, mais aussi de certains membres du camp travailliste. Lors d’un échange mardi à la Chambre des communes, plusieurs conservateurs ont demandé, sans succès, à la chancelière de « Réfléchissez encore ».
«Trente fois cette année, avant les élections, (Rachel Reeves) a promis de ne pas augmenter les impôts. Et (mercredi), elle prévoit le plus gros budget de l’histoire en termes de hausses d’impôts.» s’est moqué l’un d’eux, son prédécesseur aux Finances, Jeremy Hunt.
« Négligence économique »
Rachel Reeves devrait justifier cette mauvaise nouvelle en mettant l’accent sur le contexte économique : la dette donc, mais aussi un « trou noir » de 22 milliards de livres de finances publiques, dont elle jure avoir hérité des conservateurs, « une fiction »selon eux. Elle insistera également sur la nécessité de préserver les services publics débordés, dit-elle, par « plusieurs années de négligence économique »notamment le NHS, le système de santé, qui bénéficiera d’une augmentation substantielle de son financement.
Le budget prévoit également 1,4 milliard de livres pour la réparation des écoles et 1,8 milliard pour les services de garde d’enfants financés par le gouvernement. Rachel Reeves a par ailleurs annoncé mardi soir une augmentation de 6,7% du salaire horaire minimum, révisé chaque année en fonction de l’inflation. Autant de dépenses rendues possibles par les coupes décidées ailleurs, mais aussi, selon le gouvernement, par un futur changement des règles budgétaires, qui permettra d’emprunter davantage, mais uniquement d’investir.
La réaction des marchés à ces hausses d’impôts et à ces nouveaux prêts sera scrutée, dans la foulée de l’intervention de Mme Reeves, ce budget constituant « un risque inhabituellement élevé pour la livre sterling »selon Matthew Ryan, analyste chez Ebury. Les syndicats patronaux restent discrets, attendant ce que les travaillistes leur réservent réellement. Mais la hausse des cotisations patronales semble se confirmer : selon Foisqui cite une source du Trésor, cela rapporterait 20 milliards de livres.