Le Kenya se prépare à de nouvelles manifestations mardi 2 juillet, après un appel à poursuivre la mobilisation anti-gouvernementale qui a débuté mi-juin et a fait des dizaines de morts. Cette mobilisation largement pacifique, contre le projet de budget du gouvernement introduisant de nouvelles taxes, s’est rapidement transformée en mouvement national de défiance contre le gouvernement du président William Ruto.
Le chef de l’Etat a annoncé mercredi qu’il retirait le texte, au lendemain d’une journée de violences marquée par l’assaut du Parlement par des manifestants. La police a alors tiré à balles réelles sur la foule.
Selon l’agence officielle des droits de l’homme (KNHRC), 39 personnes sont mortes depuis la première manifestation du 18 juin. Human Rights Watch a estimé le bilan à 31 morts, et un groupe d’ONG locales, dont la branche kenyane d’Amnesty International, à 24 morts. Le président lui-même, dans une interview dimanche, a estimé le bilan à 19 morts, affirmant qu’il n’avait pas « pas de sang sur les mains » et que la police « a fait de son mieux » pour maintenir l’ordre.
Mardi matin, de nombreux commerces restaient fermés dans le centre d’affaires de la capitale Nairobi, épicentre des précédentes manifestations, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse.
Défendre les plus modestes
Depuis la journée meurtrière du 25 juin, les appels à la mobilisation ont été suivis de manière diverse par les jeunes, qui sont au cœur du mouvement. Jeudi, la génération Z (les jeunes nés entre 1997 et 2010) était largement absente d’une journée réduite à des échauffourées entre des groupuscules et la police, certains tentant d’attaquer des commerces. Dimanche, un rassemblement en hommage aux victimes a réuni quelques centaines de personnes, qui ont ensuite défilé pacifiquement en scandant « Ruto doit partir ! » (« Ruto doit partir ! ») et « Mardi férié » (« Mardi férié »).
Élu en août 2022 en promettant de défendre les plus pauvres, le chef de l’État a depuis pris des mesures d’austérité, créé et augmenté plusieurs impôts et taxes qui ont durement frappé le pouvoir d’achat des Kenyans.
Ces mesures budgétaires douloureuses sont, selon lui, nécessaires pour donner une marge de manœuvre au pays lourdement endetté. Les hausses d’impôts prévues doivent financer l’ambitieux budget 2024-2025, qui devrait atteindre 4 000 milliards de shillings (29 milliards d’euros), un record.
« Nous aurions dû mieux communiquer » a-t-il estimé dimanche. La suppression du texte aura « des conséquences très graves »il a prévenu : « Cela signifie que nous avons reculé de près de deux ans et que cette année, nous emprunterons 1 000 milliards de shillings. » La dette publique du pays s’élève à environ 10 000 milliards de shillings, soit environ 70 % du PIB.