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Le journaliste américain Evan Gershkovich condamné à 16 ans de prison en Russie pour « espionnage »

Le journaliste américain Evan Gershkovich lors de la première audience de son procès à Ekaterinbourg, le 26 juin 2024.

Le journaliste américain Evan Gershkovich a été condamné vendredi 19 juillet à seize ans de prison par le tribunal d’Ekaterinbourg (Oural), en Russie, lors d’un procès à huis clos. le journal Wall Street et ancien journaliste de l’Agence France-Presse à Moscou, il a été arrêté fin mars 2023 pour « espionnage »une accusation que la Russie n’a jamais publiquement soutenue et que lui, sa famille, ses proches et la Maison Blanche nient.

Son procès, après seize mois de détention, n’a duré que très peu de temps : une audience le 26 juin, une autre jeudi et enfin ce vendredi. Toute la procédure a été placée sous le sceau du secret et rien n’a filtré du huis clos imposé par les autorités. Il s’agit donc d’une procédure express, car les procès pour des accusations similaires durent généralement plusieurs semaines, voire plusieurs mois en Russie. Cela ouvre la voie à une condamnation rapide, condition préalable à un éventuel échange de prisonniers avec Washington. Les autorités russes ont pour politique de n’échanger que des personnes déjà condamnées.

Pour Washington, son arrestation visait avant tout à monnayer cet échange, dans un contexte de tension entre la Russie et les Etats-Unis au sujet du conflit armé en Ukraine. Moscou a admis avoir négocié sa libération et le président russe Vladimir Poutine lui-même a évoqué le cas de Vadim Krassikov, emprisonné en Allemagne pour un assassinat commandité attribué aux services spéciaux russes.

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Un procès « fictif »

Evan Gershkovich est le premier journaliste occidental depuis l’époque soviétique à être accusé d’espionnage en Russie. Son emprisonnement a suscité une vague de solidarité dans les médias américains et européens. Fin juin, la Maison Blanche a dénoncé une « simulacre » procès, répétant que M. Gershkovich n’avait pas « Je n’ai jamais travaillé pour le gouvernement » Américain.

Le reporter, enfant d’immigrés ayant fui l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) pour les États-Unis, s’est installé en Russie en 2017. Début juillet, un panel d’experts de l’ONU a estimé que sa détention était  » arbitraire «  et qu’il devrait être libéré  » sans délai « .

Les enquêteurs accusent M. Gershkovich d’avoir collecté pour la CIA des informations sensibles sur l’un des principaux fabricants d’armes russes, la société Uralvagonzavod. L’usine produit des chars T-90 utilisés en Ukraine et des chars T-14 Armata de nouvelle génération, tandis que son activité civile est la production de wagons de marchandises.

La Russie détient plusieurs autres Américains, dont la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, arrêtée en 2023 pour avoir violé la « agents étrangers »et l’ancien Marine Paul Whelan, qui purge une peine de 16 ans de prison pour espionnage, une accusation qu’il nie. Une Américaine d’origine russe, Ksenia Karelina, est jugée depuis le 20 juin, également à Ekaterinbourg, pour haute trahison, accusée d’avoir donné de l’argent à un groupe soutenant l’Ukraine. Un autre Américain, Michael Travis Leake, a été condamné jeudi à Moscou à 13 ans de prison pour trafic de drogue.

Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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