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Le journaliste américain Evan Gershkovich condamné à 16 ans de prison en Russie

Le journaliste du Wall Street Journal a été reconnu coupable d’espionnage par les tribunaux de Moscou.

Un tribunal russe a condamné vendredi 19 juillet le journaliste américain Evan Gershkovich à 16 ans de prison, marquant la fin d’un procès sommaire à huis clos pour « espionnage »Une accusation jamais étayée par la Russie. Sa condamnation était une condition préalable à un éventuel échange de prisonniers avec Washington, Moscou n’échangeant des détenus que s’ils sont reconnus coupables.

« Gershkovich Evan est reconnu coupable et condamné à 16 ans de prison »a déclaré le juge du tribunal régional de Sverdlovsk à Ekaterinbourg, Andreï Mineïev, selon un journaliste de l’AFP sur place. Le journaliste du Wall Street Journal, âgé de 32 ans, devra purger sa peine dans une colonie pénitentiaire à « régime sévère »ce qui signifie des conditions de détention très strictes, par rapport à la « régime alimentaire normal ».

Il s’est présenté devant la presse avant le verdict, les bras croisés et le crâne rasé – coupe de cheveux obligatoire pour les prisonniers – dans le box vitré réservé aux accusés. Evan Gershkovich a plaidé non coupable et exercé son droit à un procès équitable. « dernier discours » Avant le verdict, une porte-parole du tribunal, Ekaterina Maslennikova, avait annoncé à la presse que le parquet avait requis 18 ans de prison. S’il fait appel et que sa condamnation est confirmée, il devra alors retourner immédiatement dans sa colonie pénitentiaire, dans un transfert qui pourrait prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

LE le journal Wall Street a fustigé la condamnation « scandaleux », OMS « Cela survient alors qu’Evan a passé 478 jours en prison, détenu à tort, loin de sa famille et de ses amis (…) tout cela pour avoir fait son travail de journaliste »Selon la direction du journal dans un communiqué, qui s’engage à continuer de lutter pour sa libération, l’ONG Reporters sans frontières a qualifié de « violente » la condamnation du journaliste américain. « prise d’otage ».

Tueur russe

Journaliste connu pour son professionnalisme, Evan Gershkovich a été arrêté fin mars 2023, alors qu’il effectuait un reportage à Ekaterinbourg (Oural), pour « espionnage »une accusation que la Russie n’a jamais étayée et que le journaliste, sa famille, ses proches et la Maison Blanche rejettent.

Le Kremlin a de nouveau refusé vendredi de préciser ses accusations : « Les accusations d’espionnage sont une affaire très sensible, nous ne pouvons pas faire d’autres commentaires, le procès est en cours »Le procès d’Evan Gershkovich, après 16 mois de détention, a été expéditif : une audience le 26 juin, une autre jeudi et enfin ce vendredi. Toute la procédure a été placée sous le sceau du secret et rien n’a filtré du huis clos imposé par les autorités. Il s’agit donc d’une procédure express, car les procès de ce type durent généralement plusieurs semaines ou mois.

Échange de prisonniers

Pour Washington, son arrestation visait avant tout à tirer profit d’un éventuel échange de prisonniers, dans un contexte de tensions accrues entre la Russie et les Etats-Unis au sujet du conflit armé en Ukraine. Moscou a admis avoir négocié sa libération, et le président russe Vladimir Poutine lui-même a évoqué le cas de Vadim Krassikov, emprisonné en Allemagne pour un assassinat commandité par les services spéciaux russes.

Evan Gershkovich est le premier journaliste occidental depuis l’époque soviétique à être accusé d’espionnage en Russie. Son emprisonnement a suscité une vague de solidarité dans les médias américains et européens. Fin juin, la Maison Blanche a dénoncé une « simulacre » procès, répétant qu’Evan Gershkovich n’avait pas « Je n’ai jamais travaillé pour le gouvernement » Américain.

Retenue « arbitraire »

Le journaliste communique avec sa famille et ses amis à travers des lettres lues et censurées par l’administration pénitentiaire. Dans ces lettres, il dit garder le moral, attendre sa sentence, vouloir voir le ciel plus souvent, le tout avec des touches d’humour. Enfant d’immigrés ayant fui l’URSS pour les États-Unis, Evan Gershkovich s’est installé en Russie en 2017.

Début juillet, un groupe d’experts de l’ONU a jugé que sa détention était « arbitraire » et qu’il devrait être libéré « sans délai »Les enquêteurs accusent Evan Gershkovich, qui a travaillé pour l’AFP à Moscou en 2020-2021, d’avoir collecté des informations sensibles pour la CIA sur l’un des principaux fabricants d’armes russes, la société Uralvagonzavod.

L’usine produit des chars T-90 utilisés en Ukraine et des chars Armata de nouvelle génération, tandis que son activité civile est la production de wagons de marchandises. La Russie détient plusieurs autres Américains, dont la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, arrêtée en 2023 pour avoir violé la loi sur les armes à feu. « agents étrangers »et l’ancien Marine Paul Whelan, qui purge une peine de 16 ans de prison pour espionnage, une accusation qu’il nie.

Une ressortissante russo-américaine, Ksenia Karelina, est jugée depuis le 20 juin, également à Ekaterinbourg, pour haute trahison, accusée d’avoir donné de l’argent à un groupe soutenant l’Ukraine. La journaliste de 32 ans du Wall Street Journal et ancienne journaliste de l’AFP devra purger sa peine dans une colonie pénitentiaire à Moscou. « régime sévère »a ordonné le juge Andreï Mineïev, selon un journaliste de l’AFP présent à l’audience, ce qui implique des conditions de détention très strictes, par rapport à « régime alimentaire normal ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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