Le Hezbollah, touché par une attaque hors norme, accuse Israël
Il s’agit sans doute de la plus grande faille sécuritaire connue par le Hezbollah depuis l’ouverture de son « front de soutien » dans la bande de Gaza, le 8 octobre 2023, contre Israël.
Il est environ 15h30 heure locale à Beyrouth, mardi 17 septembre, lorsque plusieurs détonations retentissent dans la banlieue sud de la capitale, bastion du Hezbollah, provoquant la panique au sein de la population. Plusieurs centaines de combattants du mouvement chiite sont blessés dans les explosions simultanées de leurs téléavertisseurs, un système de messagerie radio initialement utilisé pour échapper à la surveillance technologique supérieure de l’ennemi israélien et à ses opérations d’assassinats ciblés.
Cette attaque sans précédent ne se limite pas à la seule banlieue sud. Très vite, alors que les premières vidéos et rumeurs sur ces mystérieuses explosions apparaissent sur les réseaux sociaux, les sirènes de dizaines d’ambulances saturent le ciel de la capitale, mais aussi de Saïda (une trentaine de kilomètres au sud de Beyrouth), et plus largement du sud du Liban, ainsi que dans la plaine orientale de la Bekaa. Les hôpitaux sont débordés, les urgences sont pleines, les autorités libanaises exhortent les Libanais à ne pas bloquer les routes pour ne pas empêcher le transport de centaines de blessés. Des appels aux dons de sang sont lancés. Les écoles seront également fermées ce mercredi dans tout le pays.
Des victimes dans la Syrie voisine
D’une dizaine de combattants touchés, le nombre augmente de minute en minute, touchant, selon un premier communiqué de la formation chiite, « employés de différentes unités et institutions du Hezbollah »L’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a également été blessé, mais sans grièvement, par l’explosion d’un bipeur, selon la télévision d’Etat de Téhéran, qui n’a pas précisé si l’appareil lui appartenait. En fin de journée, le bilan annoncé par le ministre libanais sortant de la Santé Firas Abiad faisait état d’au moins neuf morts et de plus de 2.800 blessés, dont certains dans un état grave.
Des informations en provenance du Liban indiquent mardi que l’ambassadeur de la République islamique d’Iran à Beyrouth a été blessé.https://t.co/w1wSFr8o30
– Agence de presse Mehr (@MehrnewsCom) 17 septembre 2024
Parmi les victimes, une fillette de dix ans a été tuée dans la Bekaa par l’explosion du bipeur de son père. Les fils de deux députés du Hezbollah, Ali Ammar et Hassan Fadlallah, ont également été tués tandis que des proches de responsables du parti auraient été blessés dans cette opération sans précédent. L’attaque contre les bipeurs a également fait des victimes en Syrie voisine, où opère également le Hezbollah, avec au moins quatorze blessés, selon un premier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Crainte d’une « intensification de l’escalade contre de nouvelles cibles dans le nord d’Israël »
« Nous tenons l’ennemi israélien pleinement responsable de cette agression, qui a également touché des civils et causé la mort de plusieurs martyrs ainsi que de nombreux blessés. »accuse le Hezbollah dans un deuxième communiqué, tandis que Tel-Aviv n’a pas revendiqué la responsabilité de l’opération. La diplomatie libanaise a dénoncé « cette escalade israélienne grave et délibérée, qui s’est accompagnée de menaces d’extension de la guerre contre le Liban »tandis que le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé lundi soir qu’il inclurait « Le Front Libanais dans ses objectifs de guerre » pour « pour permettre le retour en toute sécurité des habitants du nord (d’Israël) dans leurs foyers. »
Un retour qui pourrait être compromis par la réponse probablement forte du Hezbollah à cette forme d’attaque inédite. Le général à la retraite Mounir Schehadeh, ancien coordinateur du gouvernement libanais avec la FINUL, prédit « d’une intensification de l’escalade contre de nouvelles cibles dans le nord d’Israël. »
Bien que les détails de cette opération sans précédent restent flous pour le moment, l’expert militaire estime que « Cette attaque, que l’on peut qualifier de terroriste, s’inscrit dans l’escalade dont les Israéliens nous ont menacés lundi. ». Il juge néanmoins que« Israël n’a pas les moyens de mener une guerre majeure contre le Liban et va probablement intensifier ses attaques pour établir une ceinture de sécurité de dix kilomètres de profondeur sur le territoire libanais. »
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