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Le Hezbollah, entre terrorisme et puissance régionale

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Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah s'exprime dans un discours diffusé à la télévision libanaise le 3 janvier 2024 à Beyrouth.  (HOUSSAM SHBARO / ANADOLU via AFP)

Alors que les combats s’intensifient à la frontière entre le Liban et Israël et que les risques d’une guerre totale augmentent, il est nécessaire de revenir au Hezbollah, une organisation qui a beaucoup changé au cours de l’histoire. Dans un premier temps, des combattants chiites du sud du Liban organisèrent un mouvement de résistance contre l’occupation israélienne de cette zone en 1982. Soutenus par l’Iran qui envoya des Pasdaran (Gardes de la révolution iraniens) pour les entraîner et les armer, ils constituèrent une puissante milice.

La France a très vite eu connaissance de ces groupes qui ont organisé l’attentat contre les forces d’interposition américaines (241 morts) et françaises (58 morts), à l’hôtel Drakar, le 23 octobre 1983. Ces actes terroristes n’ont pas été revendiqués puisqu’à cette époque, le Hezbollah opérait encore clandestinement.

Tout change en 1985, le mouvement adopte une charte et devient une organisation politico-religieuse ainsi qu’une milice lourdement armée. L’Iran, une fois de plus, lui a apporté son soutien en rencontrant directement l’ayatollah Khomeini. C’est encore le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a nommé en 1992 à la tête du Hezbollah Hassan Nasrallah, originaire de Beyrouth mais identifié au sud du Liban pour y avoir longtemps vécu.

Nasrallah maintient Israël comme l’ennemi numéro un du Hezbollah. Mais il y met en œuvre une stratégie souvent qualifiée de « libanisation », une manière de s’enraciner dans le pays, de ne faire qu’un avec lui, quitte à ouvrir ses institutions d’aide, de formation, de charité et même de combat à des hommes d’autres confessions religieuses, pourvu qu’ils souhaitent défendre le Liban. Le choix du général chrétien Michel Aoun de s’allier au Hezbollah relève de cette stratégie.

La victoire contre Israël en 2006 consolide cette position dominante au Liban. La nouvelle charte adoptée en 2009 à l’initiative de Nasrallah, prend acte des évolutions, mais garde très vivaces les principes constitutifs. Puis, à partir de 2013, sous l’impulsion de l’Iran, le Hezbollah entre dans le conflit syrien. Il soutient les forces de Bachar el-Assad et donne à ce régime un net avantage sur le terrain. Pour combattre Israël, le Hezbollah entretient des relations fortes avec le Hamas, dont il arme et forme les membres depuis 2017. Bref, cette organisation terroriste est devenue un acteur régional.

Pour aller plus loin, voir la thèse d’Alain Monnier, « La pensée et la communication du Hezbollah : un processus de libanisation », sous la direction de Gilles Ferragu, soutenue le 19 juin 2024, Université Paris-Nanterre, 531 pages.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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