LLe Liban est tombé dans la guerre ouverte en quelques semaines seulement. Après un an de conflit de faible intensité à la frontière nord du pays, Israël a lancé son offensive les 17 et 18 septembre, faisant exploser des milliers de téléavertisseurs et de talkies-walkies à Beyrouth. Dans la foulée, l’armée israélienne a intensifié ses frappes aériennes. Le 27 septembre, quelques jours avant le début d’une opération terrestre au sud du Liban, des soldats de l’Etat hébreu ont tiré une centaine de missiles sur la banlieue sud de la capitale libanaise, éliminant Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah depuis 1992.
Dans Le monde, le terme « Hezbollah » apparaît avant même la fondation de la structure politico-religieuse libanaise : en 1979, dans le contexte de la rébellion kurde opposée à la révolution islamique en Iran, « phalangistes », partisans du régime des mollahs, adoptez le cri de guerre «Hezb Illa Hezbollah» (« pas de parti en dehors du Parti de Dieu »), affirme Jean Gueyras le 20 août.
Le 9 novembre 1983, un an après l’invasion israélienne du Liban et la création de l’organisation du même nom, le journal mentionne pour la première fois ce « Parti de Dieu » tandis que les tensions se multiplient dans la banlieue sud de Beyrouth, entre les différents mouvements de la branche chiite de l’islam. Lucien George le décrit comme « franchement khomeiniste », en référence à l’Imam Khomeini, chef religieux d’Iran.
Dans les années 1980, en pleine guerre civile au Liban, le Hezbollah était considéré comme un groupe politique soutenu par des militants armés, membres du « Nébuleuse chiite ». Son programme s’articule alors autour de trois propositions : « chasser le colonialisme du Liban, établir (…) une république islamique à la iranienne » et chasser Israël du sud du Liban. Le Hezbollah ne reconnaît pas l’existence de l’État juif.
Il est accusé, dans les années 1980, de plusieurs attentats meurtriers, dont celui de 1983 contre le bâtiment du Drakkar à Beyrouth, qui coûte la vie à 58 parachutistes français, et les attentats de Paris en 1985 et 1986. Cette année-là, Edwy Plenel suggère que le Le groupe « Jihad » – qui revendique certaines de ces attaques – pourrait être le « bras armé » de « Parti intégriste (Et) pro-iranien », Hezbollah, et en parle« actions terroristes ».
Au fil des années, ceux que l’envoyé spécial de Monde Françoise Chipaux décrit comme « fondamentalistes » ne font que gagner du terrain et de l’influence au Liban. En 1988, elle raconte comment ces militants, « Kalachnikov à la main », servent également les intérêts de la Syrie voisine, dont les troupes seront présentes au Liban jusqu’en 2005. Jusque dans les années 1990, de nombreux habitants du sud du Liban continuaient de considérer le Hezbollah, « revenir en force, avec des moyens capables de séduire », comme des miliciens menaçant leur sécurité. « Le Hezbollah ne réussit cependant pas et, dans la conscience d’une population impuissante et abandonnée à son sort, son rejet est aussi fort que celui d’Israël. » elle a écrit le 22 novembre 1991.
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