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Le Havre – PSG : Streaming, IPTV… Le foot français toujours en guerre contre le piratage

Streaming, IPTV… Alors que la Ligue 1 reprend, le football français est toujours en guerre contre le piratage, au risque de dévaloriser sérieusement son produit (photo d'illustration prise en mars 2022).
INA FASSBENDER / AFP Streaming, IPTV… Alors que la Ligue 1 reprend, le football français est toujours en guerre contre le piratage, au risque de dévaloriser sérieusement son produit (photo d’illustration prise en mars 2022).

INA FASSBENDER / AFP

Streaming, IPTV… Alors que la Ligue 1 reprend, le football français est toujours en guerre contre le piratage, au risque de dévaloriser sérieusement son produit (photo d’illustration prise en mars 2022).

FOOTBALL – C’est un  » en même temps » aux airs de ligne de crête. Alors que la Ligue 1 reprend ce vendredi 16 août avec le déplacement du Paris Saint-Germain au Havre, ce n’est pas l’aspect sportif qui fait le plus parler ces temps-ci. Plutôt le montant prohibitif de l’abonnement à DAZN, nouveau diffuseur du championnat avec BeIN Sports, qui s’accompagne d’une lutte acharnée menée en parallèle par les instances du football français contre le piratage en tout genre.

Après un début d’été qui a vu Kylian Mbappé rejoindre le Real Madrid puis les Bleuets de Thierry Henry remporter une belle médaille d’argent aux Jeux olympiques, la reprise du football de clubs s’est accompagnée d’un vilain rappel à la réalité et d’un mécontentement généralisé parmi les supporters et les fans.

Payer plus pour voir moins (et moins bien)

Pour avoir accès à tous les matchs du championnat, il faudra débourser au moins 45 euros par mois cette année : 29,99 pour DAZN avec un engagement de 12 mois (pour regarder 8 matchs par jour) plus 15 euros pour BeIN Sports (qui diffusera le neuvième match, souvent le meilleur match de la journée). Une somme conséquente à comparer à l’offre à moins de 20 euros que proposait Téléfoot en 2020… qui n’a pas suffi à faire durer la chaîne éphémère de Mediapro plus de quelques mois.

Et pourtant, si le prix était la seule critique… Car depuis l’annonce (tardive) de l’identité du diffuseur de la Ligue 1 pour la saison 2024/25, les signaux d’alerte se multiplient. Dernier exemple en date : les publications de DAZN sur les réseaux sociaux. Dans le désordre, on retrouve un générique réalisé avec des images générées par une intelligence artificielle sans âme, la promotion d’un match centrée sur un joueur qui sera absent du match en question, des tweets qui parlent de « médianes » plutôt que « Milieux de terrain  » comme on le fait habituellement dans la langue de Molière, en suggérant que la gestion du réseau est externalisée à l’étranger, et ainsi de suite.

On peut également citer la couverture largement dégradée annoncée par DAZN. Dans une logique de rentabilité, plus d’un match sur deux sera commenté par un seul journaliste sans consultant à ses côtés, il n’y aura plus d’émission de révision après chaque journée, pas de diffusion en très haute qualité d’image, pas de multiplex. Et ce sans même évoquer le fait que DAZN est le premier acteur à ne proposer que la Ligue 1, sans aucune autre concurrence majeure pour enrichir son offre.

 » @LFP, une bonne IPTV à me recommander ? »

Résultat : depuis plusieurs jours, chaque publication sur les réseaux sociaux de la Ligue de Football Professionnel (l’instance qui gère le championnat) a droit à une vague de réactions du même acabit,  » @LFPfr, une bonne IPTV à me recommander ?  » Les fans de football font ainsi savoir avec ironie qu’ils ont l’intention de regarder la Ligue 1, mais en toute illégalité.

Derrière ces quatre lettres se cache une technologie qui n’a au départ rien de spécifique au football. Il s’agit simplement d’un moyen de distribuer de nombreuses chaînes de télévision via Internet, comme le fait par exemple un fournisseur d’accès avec sa box. Mais pour les amateurs de foot, cela signifie surtout un accès illimité, très peu coûteux et illicite à des chaînes habituellement payantes. En quelques clics et pour quelques dizaines d’euros par an, vous pouvez obtenir des milliers de chaînes du monde entier sur votre téléviseur connecté. Dont DAZN et BeIN Sports.

Une menace qui s’ajoute à celle du streaming illégal. Depuis plus d’une décennie, et en passant quelques minutes à chercher sur Internet, on voit proliférer des sites qui proposent des diffusions d’internautes qui partagent leur propre écran ou relaient la version russe, turque ou roumaine des matchs. Et c’est sans compter les VPN, qui permettent de se faire passer pour en Belgique ou au Brésil (où la Ligue 1 est diffusée gratuitement sur YouTube), et d’avoir ainsi accès à d’autres offres pour regarder le championnat français à moindre coût.

Victoire juridique à la Pyrrhus pour la LFP ?

Autant de stratégies de contournement contre lesquelles la LFP (et avec elle DAZN) tente de lutter. Le 2 août dernier, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné le blocage des sites de streaming et des services IPTV avant le début de la saison, à la demande de la Ligue. Cette dernière pourra également contacter l’Arcom tout au long de l’année pour ajouter d’autres noms à la liste, au fur et à mesure de la création de nouveaux sites. Une victoire pour la LFP, du moins en apparence.

Car le risque est réel de voir la LFP se livrer à un jeu du chat et de la souris qu’elle perdrait face à des fraudeurs qui ont toujours su innover entre l’utilisation de VPN, le clonage de sites pour échapper aux mesures de censure ou l’inventivité des fournisseurs IPTV. Sans compter les moins audacieux qui ont tout simplement arrêté de suivre la Ligue 1.

Ainsi, entre le coût et la faiblesse de l’offre de DAZN, et cette lutte effrénée contre les accès piratés, la LFP risque surtout de se retrouver avec une Ligue 1 dénuée d’attractivité. Alors que le montant des droits télévisés a déjà plongé, si le sponsoring (les marques qui payent pour avoir de la visibilité en s’affichant sur les maillots des clubs par exemple) devait faire de même, le football français pourrait vite se retrouver face à un péril mortel. C’est le risque que prennent les cadors du ballon rond.

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Cammile Bussière

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