L’Observatoire du Sport Business – Une fois l’été passé avec les JO, comment capitaliser sur cet événement pour tous ces acteurs ? Éléments de réponse avec la politique du handball.
A presque 2 mois de l’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, on l’assure, « tout sera prêt ». Le comité d’organisation des Jeux Olympiques communique avec une grande intensité d’événements et de collaborations pour annoncer la dernière ligne droite vers la cérémonie d’ouverture et la récolte de médailles tant attendue pour la France. Mais si l’on découvre chaque semaine de nouvelles raisons d’être un peu plus sceptique sur son organisation, les préparatifs vont bon train pour un grand nombre d’acteurs mobilisés autour de Paris 2024. La motivation des Français, en revanche, fait encore peu d’actualité même si l’arrivée de la flamme olympique le 8 mai à Marseille a ravivé l’engouement des Français pour le plus grand événement sportif de l’année. Pourtant, Paris 2024 constitue un enjeu majeur pour les fédérations sportives car en fonction des résultats sportifs, on peut s’attendre à plus de 30 % d’inscriptions dans les clubs et associations à l’automne. Mais comment éviter de laisser tomber le vent olympique ?
D’un point de vue sportif, les dernières qualifications sont validées comme l’équipe de France de basket 3×3 ce week-end. Les matchs de préparation se succèdent avec leur lot de confirmations et de déceptions, au vu des espoirs français de médailles, lors de compétitions officielles ou de matchs amicaux. Et la flamme olympique continue son voyage à travers la France, entraînant dans son sillage l’enthousiasme de la population. Du moins le temps de son passage et du dévoilement des noms de célébrités et de sportifs mais aussi de porteurs de flamme anonymes. Le sport comme spectacle motive les Français. Et les médias accompagnent aussi cette vague : retransmissions spéciales Paris 2024 sur presque toutes les chaînes, plateforme spécifique pour suivre l’actualité, multitudes d’articles sur les jeux olympiques et paralympiques sur des sujets de géopolitique, d’économie… Le gouvernement et les politiques se sont aussi emparés du sujet. de front : « bâtir une nation sportive », tel est le leitmotiv de la grande cause nationale 2024 ; la mobilisation de l’écosystème économique français également pour bénéficier de cette mise en valeur des savoir-faire français autour du sport et de l’événementiel.
Une fois l’été passé, comment capitaliser sur cet événement pour toutes ces parties prenantes ? Comment rester durable pour les acteurs du sport français quand on entend chaque semaine que la France n’est pas un pays sportif. Le Président de la République a décidé de faire de la promotion de l’activité physique et sportive la Grande Cause Nationale de 2024 pour la première fois en 46 ans d’existence du dispositif. Des actions de promotion et de communication sur un an pour remettre le sport et ses bienfaits au cœur de notre société, et lutter contre les effets dévastateurs de la sédentarité. Un an pour tout changer ? Si c’est difficile à croire et si l’écosystème français a beaucoup d’attentes autour de Paris 2024, il existe de nombreux exemples où l’on cherche à construire sur le long terme, avec le grand public, l’économie et bien d’autres. Et bien au-delà de 2024.
La fédération française de handball a décidé d’investir massivement dans la promotion de son sport dans le cadre de Paris 2024, tant dans sa pratique, dans sa volonté d’inclusion que dans le rôle moteur du sport français à travers ses résultats. Elle a notamment décidé de donner vie aux Jeux olympiques et paralympiques, avant, pendant et après l’événement de cet été. D’autant que les handballeurs français n’ont pas facilement accès aux matches lors des rencontres de cet été. Et cela a un coût important pour une fédération dont le budget n’est que de 50 millions d’euros, que Philippe Bana, président de la fédération, assume entièrement. Plusieurs actions gratuites ont été décidées et mises en œuvre grâce au soutien des partenaires de la fédération mais aussi à l’engagement des autorités locales, pour rester proche de la communauté des handballeurs amateurs mais aussi pour mieux se faire connaître du grand public.
Plus concrètement, la Maison du Handball à Créteil accueillera une fan zone de 4 000 personnes avec des activités de découverte autour de ce sport comme le beach handball. La fédération a acheté des billets pour les matchs de handball de Paris 2024 pour 800 000 € qui seront distribués gratuitement aux clubs amateurs pour leur permettre d’assister aux matchs. Elle finance également l’implantation de près de 500 espaces extérieurs dans l’espace public ou dans les écoles, avant fin 2026. De juin 2023 à fin 2024, elle déploie un parcours itinérant au cœur des villes partout en France, réunissant à chaque étape entre 3 000 et 6 000 personnes par jour et par étapes. « L’Incroyable Tour » permet aux écoles, au grand public, aux supporters et aux pratiquants de s’initier aux différentes pratiques du handball dont celle du HandiFauteuil et celle du handball adapté à tous les âges, mêlant personnes en situation de handicap et adultes sur le terrain. valide. Plus de 3,5 millions d’euros ont été engagés par cette fédération pour faire vivre les Jeux Olympiques et Paralympiques. Et une labellisation du tour dans le cadre de la grande cause nationale 2024 avec des actions pour le HandFit et des tournois adaptés pour les joueurs de plus de 50 ans.
Les perspectives de la Fédération ne s’arrêtent pas là, avec l’organisation en France, avec l’Allemagne, du championnat du monde de handball masculin en 2029. Et un budget déjà estimé à 40 millions d’euros. De quoi continuer à capitaliser sur la popularité du handball et de ses deux équipes nationales, championnes olympiques en titre, pendant au moins 5 ans. Et comme toutes les fédérations depuis la reprise post-Covid, celle de Handball bat des records avec plus de 15% de licenciés en 2023 et plus de 600 000 personnes inscrites dans les clubs affiliés. Mais l’afflux potentiel de nouveaux licenciés lié à Paris 2024 pourrait être énorme, en fonction des résultats. Et la fédération s’attend à des difficultés que connaîtront également d’autres sports : infrastructures limitées ou encore mobilisation et formation de bénévoles dans les clubs pour offrir de bonnes conditions d’accueil.
Le sport français est-il suffisamment prêt, non pas pour obtenir des médailles, mais pour transformer l’épreuve de Paris 2024 et son héritage ? Rien n’est encore sûr à ce jour comme le montre la déclaration d’Amélie Oudéa-Castéra devant l’Assemblée nationale le 9 avril sur l’équipement. Le plan « 5 000 terrains de sport », privilégiant les espaces extérieurs, a été finalisé mais la demande en équipements, notamment pour les sports collectifs, est forte et est même à saturation dans certaines régions. Si le plan « 5 000 équipements – génération 2024 » annoncé par Emmanuel Macron le 5 septembre, doit répondre à cette attente avec plus d’un milliard d’euros investis dans les équipements sportifs, la ferveur de Paris 2024 sera-t-elle encore d’actualité alors que les travaux sont en cours ? finalisé ?
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