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Le guitariste de Pink Floyd, David Gilmour, revient avec un cinquième album solo élégant, « Luck and Strange »


Sur cet album particulièrement réussi où son jeu de guitare et sa voix résonnent comme au premier jour, le musicien légendaire s’est entouré d’une équipe plus jeune, qui dynamise ses compositions.

France Télévisions – Culture Edito

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David Gilmour en 2024, en pleine promotion de son album solo

Le premier album de David Gilmour depuis Faites trembler ce cadenas il y a neuf ans, Chance et étrange, Sorti vendredi 6 septembre, il ravira les fans du légendaire guitariste de Pink Floyd. Déjà parce que cet album paraît un peu inattendu : lorsqu’il a vendu 120 de ses précieuses guitares il y a cinq ans, il était difficile de ne pas y voir le prélude à une retraite tranquille loin des projecteurs, alors qu’il fête ses 78 ans cette année.

Puis vint le confinement. Un temps d’arrêt imposé, mis à profit pour publier en ligne chaque semaine des vidéos littéraires et musicales mettant en scène toute sa petite famille sous le nom de Van Trap Family : le guitariste et sa femme l’écrivaine Polly Samson, leur fille harpiste Romany Gilmour (actuellement 22 ans), leur fils adoptif Charlie Gilmour (35 ans) et son bébé, mais aussi les animaux de compagnie. Ce fut le point de départ d’un renouveau qui a conduit à ce nouvel album libéré, où, comme nous le verrons, la famille joue son rôle.

Dès l’ouverture, le style cosmique de David Gilmour remue les tripes et les souvenirs sur l’instrumental épuré Chat noir. Le prochain, celui-ci Chance et étrange En apesanteur, qui donne son nom à l’album, confirme que le vieux Pink Floyd n’a pas perdu la main. Ce morceau convoque un fantôme puisqu’il est construit à partir d’une jam avec Rick Wright, l’organiste de Floyd, enregistrée en 2007, un an avant sa mort. Le titre, où l’on entend ses parties d’orgue Hammond et de piano électrique, est un splendide blues étiré où le style signature de Gilmour, mais aussi sa voix, nous téléportent irrémédiablement dans le passé.

En fait, il y a de la nostalgie dans cet album tout en clair-obscur, y compris dans les paroles souvent sombres et pessimistes, qui brassent les guerres désespérées du retour, de la vieillesse et de la mort qui vient. Des paroles écrites sur mesure pour son mari par Polly Samson, comme c’est le cas depuis trente ans. Mais il y a aussi de la joie, de la vie et du changement par rapport à ses précédents albums solo. Car David Gilmour a enfin trouvé une partenaire qui est son égale.

Pour coproduire ce disque, Gilmour voulait quelqu’un qui puisse regarder son travail avec un œil neuf et dire ce qu’il pensait : « sans déférence ».

Son choix s’est porté sur le producteur britannique Charlie Andrew, 44 ans, connu pour son travail avec le groupe indie alt-J. Un gars visiblement peu impressionné, qui a demandé après avoir écouté les premières démos : « Avons-nous vraiment besoin d’un solo ici ? Et doivent-ils tous disparaître ?.

En studio, l’homme a quelque peu bousculé la légende, le poussant dans ses retranchements et multipliant les prises et les styles de jeu. Il a également fait appel au projet à l’arrangeur alt-J Will Gardner, que Gilmour qualifie de « génie », ainsi qu’à trois nouveaux musiciens issus du jazz et du punk-jazz : le bassiste Tom Herbert (Polar Bear), le claviériste Rob Gentry et le batteur Adam Betts, connu pour fournir les rythmes complexes du drum & bass en tant que musicien live pour Goldie.

Une équipe de rêve, complétée par le légendaire batteur américain Steve Gadd, qui dynamise la musique de Chance et étrange en lui ouvrant de nouveaux horizons.

Porté par la voix incomparable de Gilmour, L’appel du joueur de flûtesur le miroir de la célébrité, progresse lentement, jusqu’à ce que la guitare, d’abord discrète, se mette à miauler puis à cingler brillamment à la fin du voyage. La voix de ce crooner est à son apogée, illuminée par des chœurs, sur Une seule étincelleoù la guitare habillée de violons joue sur du velours, et sur la merveilleuse ballade Chanters, où la six cordes a été complètement oubliée au profit des… cordes.

L’un des titres les plus obsédants, Entre deux points (reprise d’un groupe obscur, The Montgolfier Brothers) n’est pas chantée par le père mais par sa fille, Romany Gilmour, une harpiste à la voix d’ange.

L’album, peut-être son meilleur travail solo, se termine par Disperséécrit par trois personnes avec Gilmour, sa femme et leur fils Charlie, avec un clin d’œil au battement de cœur qui ouvre La face cachée de la lune mais aussi à l’intro deÉchos.

Les deux titres bonus réservent également de belles surprises. Il s’agit de : J’ai des fantômes, un morceau folk délicat sur lequel la voix de Gilmour se rapproche plus que jamais de celle de Leonard Cohen, et du jam original avec Rick Wright qui a donné naissance à Chance et étrange.

Trois nouvelles pour finir, deux mauvaises et une bonne. La mauvaise nouvelle, c’est qu’aucune étape en France n’est prévue pour la tournée que Gilmour a programmée pour les prochains mois, et que les négociations pour la vente du catalogue de Pink Floyd avancent (ce qui nous amènera, s’il le faut, à retrouver nos chansons préférées dans des publicités pour voitures et déodorants). La bonne nouvelle, c’est que Gilmour compte enregistrer rapidement un autre album du même calibre dans la foulée. Car il a, dit-il, enfin trouvé une équipe de musiciens avec laquelle il se sent bien.

L’album « Luck and Strange » (Sony), sorti le 6 septembre 2024

Grb2

Jewel Beaujolie

I am a fashion designer in the past and I currently write in the fields of fashion, cosmetics, body care and women in general. I am interested in family matters and everything related to maternal, child and family health.
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