Après une semaine de mobilisation orchestrée par le comité Palestine de Sciences Po, impliquant une cinquantaine d’étudiants, la direction de l’école a annoncé un accord pour mettre fin aux blocus, dont les images ont fait le tour du monde et ont réveillé l’attention de la République Islamique de Iran. L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, réutilise des vidéos de manifestants sur son compte du réseau social X (ex-Twitter) pour sa communication.
» Voyez ce qui se passe dans le monde. Dans les pays occidentaux, en Angleterre et en France, ainsi que dans les États américains, les gens sortent en grand nombre pour scander des slogans contre Israël et l’Amérique. La réputation des États-Unis et d’Israël a été ruinée. Ils n’ont vraiment aucune solution », dit-il en légende de sa dernière publication du dimanche 28 avril, qui montre des banderoles pro-palestiniennes brandies devant l’Institut d’études politiques de Paris.
Cette vidéo de propagande, un montage qui isole plusieurs actions organisées à travers le monde, a été repérée par le journaliste Jean-Sébastien Ferjou, directeur du site d’information Atlantico. » Le guide suprême de la Révolution islamique iranienne ne s’y trompe pas : en soutenant les mobilisations dans les universités occidentales, il ne parle pas de mobilisations pro-palestiniennes, mais plutôt de mobilisations anti-israéliennes et anti-américaines. Seul un aveuglement volontaire peut nous empêcher de le voir. (PS : ne l’oublions pas, pour les mollahs, la France c’est le petit Satan) », dénonce-t-il dans un message sur X.
Une tactique de déstabilisation ?
» Je l’ai dit lors d’une enquête il y a quelques mois. L’Iran utilise des groupes politisés pro-palestiniens d’extrême gauche dans les universités et lors de manifestations pour déstabiliser les démocraties européennes », ajoute Emmanuel Razavi, grand reporter spécialisé sur le Moyen-Orient et auteur du livre La face cachée des mollahspublié aux Éditions du Cerf.
La direction de Sciences Po Paris a annoncé vendredi un accord avec les étudiants mobilisés pour la cause palestinienne, acceptant d’organiser un débat interne et de suspendre les procédures disciplinaires à l’encontre des manifestants. En échange, les étudiants se sont engagés à ne plus perturber les cours, examens et activités de l’établissement.
Cette décision a cependant été critiquée par Manuel Valls, ancien Premier ministre, qui l’a qualifiée de » lâcheté « . Selon lui, l’école céderait aux revendications de l’extrême gauche en organisant un débat sur la légitimité d’Israël et en suspendant ses partenariats avec les institutions soutenant cet État.