le groupe SEB met les emplois dans la balance avant les débats
La direction du groupe d’électroménager sera main dans la main avec les syndicats et plusieurs centaines de salariés pour manifester mercredi devant l’Assemblée nationale et ainsi faire pression sur les députés à la veille du vote en première lecture de cette loi portée par le député EELV de Gironde Nicolas Thierry.
Le groupe a indiqué à ce stade qu’il attendait près de 600 personnes pour assister à ce rassemblement mercredi à 14 heures devant l’Assemblée nationale. Les bus viendront de Lourdes (Hautes-Pyrénées), Lorsgey, Is-sur-Tille (Côte d’Or), Pont-Évêque (Isère), Rumilly (Haute-Savoie), Mayenne (Mayenne), Saint-Lô (Manche) et le siège social à Écully (Rhône), selon la direction. SEB indique ne pas utiliser de Téflon dans ses revêtements antiadhésifs et affirme que les PFAS utilisés notamment dans la fabrication des fameuses poêles Tefal ne présentent pas de danger pour la santé.
Presque indestructible
Quasiment indestructibles, les substances per- et polyfluoroalkyles, ou PFAS, massivement utilisées dans l’industrie chimique, s’accumulent au fil du temps dans l’air, le sol, l’eau des rivières, les aliments et même le corps humain, d’où leur surnom de polluants « éternels ».
Ces molécules sont décrites par certains experts comme « la plus grande menace chimique du 21e siècle », mais considérées en partie comme essentielles par l’industrie. Le projet de loi prévoit notamment d’interdire la fabrication et la vente de certains produits contenant des PFAS. Il sera débattu et soumis au vote des députés jeudi, au lendemain de la manifestation.
Le président du groupe français d’électroménager SEB, Thierry de la Tour d’Artaise, a estimé dimanche que « confondre des composants qui n’ont rien à voir entre eux conduit à des bêtises », dans un entretien à La Tribune, soulignant que « cela concerne 3 000 emplois en France », avec deux sites de production à Rumilly (Haute-Savoie) et Tournus (Saône-et-Loire).
« Les produits Tefal – comme tous ceux de SEB – ne contiennent pas de PFAS considérés comme nocifs pour la santé ou l’environnement par les autorités sanitaires », a-t-il ajouté.
Aller plus vite que l’Europe
Lors du rachat de la marque Tefal en 1968, le groupe « a décidé de fabriquer son propre revêtement », en utilisant une autre formule qui permet de coller le revêtement sur l’aluminium, et qui ne contient pas de PFOA (acide perfluorooctanoïque), un composant autrefois utilisé par DuPont. entreprise et incriminée dans des pollutions, notamment aux Etats-Unis, a indiqué le groupe à l’AFP.
La formule utilisée aujourd’hui par SEB contient du PTFE (polytétrafluoroéthylène), un autre PFAS qui, selon le groupe, ne présente aucun danger et est « totalement inerte et insoluble ».
Des arguments jugés « extrêmement fragiles » par le député Nicolas Thierry, auteur du projet de loi, contacté par l’AFP : « Le PFOA est de toute façon interdit depuis 2020, et est depuis reconnu par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) comme cancérigène pour l’homme », se souvient-il. Il ajoute que les autres PFAS utilisés restent extrêmement persistants dans l’environnement, pendant la fabrication et en fin de vie du produit.
Concernant les éventuelles conséquences sociales pour SEB d’une interdiction des PFAS, le député a estimé que « l’industriel est pris en flagrant délit de manque d’anticipation », compte tenu des procès qui ont touché les géants de la chimie, dont certains ont payé des sommes très importantes. pour échapper au procès.
Dernier en date, le groupe 3M, fabricant notamment de Scotch et de Post-its, a accepté en juin 2023 de payer jusqu’à 12,5 milliards de dollars dans le cadre de poursuites engagées par plusieurs réseaux publics de distribution d’eau potable pour contamination aux PFAS.