L’entreprise répond à l’appel du gouvernement, qui souhaite être accompagné dans la reprise de certaines activités de l’ancien fleuron de la French Tech.
Un acheteur potentiel pour certaines activités d’Atos. Le groupe français Chapsvision est intéressé par les activités de défense et de cybersécurité de l’ancien fleuron de la French Tech, a-t-il indiqué à l’AFP ce vendredi 3 mai, quelques heures avant la date limite fixée par Atos pour recevoir les propositions de refinancement de ses créanciers.
Les activités convoitées par ce spécialiste de l’analyse de données, qui a confirmé les informations de Échossont hébergés dans l’entité « Big Data » et la sécurité (BDS). Bercy avait manifesté dimanche son intérêt pour certains pans de cette division, afin d’éviter des activités régaliennes. « passer entre les mains d’acteurs étrangers ». Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a alors précisé sa volonté de rallier d’autres acteurs français, pour que « l’Etat n’est pas seul » dans cette opération.
Un périmètre plus restreint que celui visé par le gouvernement
Appel entendu par Chapsvision, qui vise néanmoins un périmètre plus restreint que le gouvernement, avec la branche « Systèmes critiques pour la mission » (MCS) et produits de cybersécurité. « A condition que l’Etat avance dans sa stratégie de reprise d’actifs stratégiques, alors nous nous positionnerons sur ceux-ci »a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’entreprise.
La branche MCS comprend notamment le système de commandement du programme Scorpion de l’Armée de Terre, les outils de navigation pour les forces navales et la marine marchande et le système de sécurisation des réseaux de communications à bord des avions Rafale. « F4 » de Dassault. Elle gère également le système C4I (Command, Control, Communications, Computers and Intelligence), solution qui délivre une cartographie du champ de bataille mise à jour en temps réel à la chaîne de commandement de l’armée. Mission-Critical Systems comprend enfin la société Avantix, spécialisée dans les systèmes d’écoute pour les services de renseignement.
La branche produits de cybersécurité d’Atos intègre diverses solutions de chiffrement, de cryptoanalyse et de contrôle d’accès.
Une dette de 5 milliards d’euros
Chapsvision pourrait néanmoins devoir bousculer Thales, qui a annoncé mardi son intérêt potentiel pour les mêmes activités au sein de BDS.
En grande difficulté financière, Atos a fixé vendredi comme date limite à ses créanciers pour soumettre des propositions de refinancement. L’entreprise a expliqué avoir désormais besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 (contre une estimation de 600 millions d’euros auparavant). Elle a également indiqué vouloir réduire sa dette brute de 3,2 milliards d’euros, soit environ 5 milliards, alors qu’elle souhaitait initialement la réduire de moitié.
Concurrent du géant américain à la réputation sulfureuse, Palantir, Chapsvision compte les ministères de l’Intérieur et de la Défense parmi les clients de ses solutions informatiques. L’entreprise a été récemment sélectionnée pour expérimenter la vidéosurveillance algorithmique, c’est-à-dire des caméras équipées d’un logiciel d’analyse d’images, dans le cadre de la loi JO.
Fondée en 2019, elle a réalisé plus d’une douzaine d’acquisitions depuis septembre 2020, dont Deveryware en 2022, expert français des logiciels d’enquête au service des forces de l’ordre, selon son site internet. Avec près de 700 salariés et 600 clients, le groupe vise un chiffre d’affaires supérieur à 200 millions d’euros en 2024.