Le groupe belge FN Browning s’intéresse à l’armurier Verney-Carron
Le groupe belge FN Browning Group (anciennement Herstal Group) s’intéresse, selon des sources concordantes, à la société Verney-Carron. Mais cette participation dans l’armurier stéphanois, détenu à 65 % par le groupe Cybergun et à 35 % par la famille Verney-Carron (via Verney-Carron Développement), n’est pas encore formalisée. Les deux groupes continuent de discuter. Cybergun souhaite trouver un partenaire industriel pour faire un pas en avant en termes de taille à Verney-Carron, actuellement en restructuration.
Basé à Herstal (Belgique) et détenu à 100% depuis 1997 par Wallonie Entreprendre, outil économique et financier de la Région wallonne, le Groupe FN Browning, qui avait déjà étudié le dossier en 2022 avant de le clôturer, pourrait ainsi confier les opérations de production et MCO. (Maintien en condition opérationnelle) à un groupe français. Contactés par La Tribune, FN Browning Group et Cybergun n’ont pas souhaité commenter.
Verney-Carron en petite forme
En 2023, Verney-Carron (environ 90 salariés) a réalisé un chiffre d’affaires en légère hausse à 5,4 millions d’euros pour un résultat opérationnel négatif de 3,4 millions d’euros, selon le rapport financier annuel de Cybergun. Le résultat net plonge à -4,49 millions d’euros. Pour relancer l’entreprise stéphanoise, Cybergun investit environ 10 millions d’euros. De plus, en novembre 2023, l’entreprise a conclu un contrat-cadre pour la livraison d’armes légères à l’Ukraine. Ce contrat prévoyait la livraison de 10 000 fusils d’assaut, 2 000 fusils de précision et 400 lance-grenades pour un montant estimé à environ 36 millions d’euros. Un contrat qui pour l’instant n’a pas été exécuté mais qui ne serait pas nul.
En revanche, le groupe FN Browning (marques FN, Browning, Winchester et Noptel) est en pleine forme. Dirigé par Julien Compère, le groupe belge a présenté en 2023 un bénéfice net historique de 75 millions d’euros et un EBIT de 90 millions d’euros. Toutefois, le chiffre d’affaires du groupe FN Browning est en baisse (908 millions d’euros) par rapport à 2022 (956 millions) et emploie 3 090 salariés. La division Défense & Sécurité contribue à hauteur de plus de 500 millions d’euros au chiffre d’affaires et la division Chasse & Tir sportif plus de 400 millions d’euros. Enfin, le groupe dispose d’une trésorerie nette de 250 millions d’euros.
Munitions de petit calibre
L’opération entre Cybergun et FN Browning Group concernant Verney-Carron, si elle se concrétise, se dissocie d’un projet franco-belge d’installation d’une activité de munitions de petit calibre en France dans le cadre du partenariat de plus en plus étroit entre Paris et Bruxelles dans l’armement terrestre. Le Groupe FN Browning a pour objectif d’aider le ministère des Armées à créer une chaîne d’assemblage en France afin de remédier à cette situation de dépendance.
« Le secteur des munitions de petit calibre est un segment dans lequel nous sommes fragiles depuis plus d’une décennie et dans lequel nous cherchons des solutions. Les décisions prises il y a quinze ou vingt ans nous mettent dans une situation de dépendance vis-à-vis de nombreux prestataires ou fournisseurs étrangers. Le Covid a réveillé cette dépendance », avouait en mai dernier le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
En mai, la France et la Belgique ont signé un accord sur la production de munitions de petit calibre. La France va acheter des munitions de petit calibre au groupe FN Browning en attendant de délocaliser la production en France. Selon le ministre, cette ligne de production, dont le lieu et la date de mise en service n’ont pas été précisés, devrait garantir « approvisionnements entre les deux pays » sur ces munitions.