Le grand rêve des Français, la maison individuelle au pied du mur

En un an, les permis délivrés pour les maisons ont chuté de 24,4 %, leur plus bas niveau depuis vingt ans. « Le marché est estimé à 50 000 maisons en 2024 contre 120 000 en 2022. On ne reviendra jamais à ce niveau », déplore Loïc Vandromme, PDG du constructeur Hexaom.

Première cause d’artificialisation

Les jeunes sont néanmoins attirés par la maison. « L’attrait des grands centres-villes est moins évident pour les nouvelles générations qui ont davantage envie de vivre dans une maison en banlieue ou en zone périurbaine », souligne l’urbaniste Eric Charmes. « La maison a été promue comme un habitat familial, associé à un idéal de stabilité conjugale et de transmission intergénérationnelle. Elle est donc très valorisée, sans que cette image ait été ternie par certaines limites, notamment sa faible adaptabilité à la vieillesse ou les coûts de déplacement et de chauffage », analyse la sociologue Violaine Girard.

En 2021, l’ancienne ministre du Logement Emmanuelle Wargon avait créé la polémique en déclarant que la maison individuelle, « ce modèle d’urbanisation qui dépend de la voiture », était « un non-sens écologique, économique et social ». Le secteur du BTP avait aussitôt fustigé « une élite parisienne (…) très éloignée des territoires », obligeant le ministère à faire marche arrière en expliquant qu’il ne s’agissait « pas de supprimer la maison » mais qu’il s’agissait de « repenser nos modèles d’urbanisme ».

Transformer les logements vacants

« Nous n’avons pas les moyens d’une ville tentaculaire, mais des maisons individuelles sont encore possibles dans des zones déjà urbanisées », analyse Christophe Millet, président de l’Ordre des architectes. Une construction « en dentelle », qui interroge selon lui « le modèle d’uniformité des constructeurs ». Quant aux maisons existantes, « l’enjeu est de savoir mieux les utiliser », observe Thomas Uthayakumar, de la Fondation pour la nature et l’homme. Il suggère notamment de transformer une partie des 10 % de résidences secondaires et des 8 % de logements vacants en résidences principales.

Alors que les lotissements traditionnels comptaient de 5 à 15 maisons par hectare, les architectes préconisent d’en augmenter le nombre à 35. Selon Christophe Millet, la solution pourrait passer par des formes intermédiaires d’habitat, comme les maisons modulables, « capables de combiner le désir de tranquillité tout en limitant les contraintes de la maison individuelle, comme les coûts d’entretien ».

« La maison a été promue comme un habitat familial, associé à un idéal de stabilité conjugale et de transmission intergénérationnelle. »

3,1 millions de logements vacants en France (hors Mayotte)

Cela représente 8,2 % du parc immobilier total. Un chiffre en hausse de 60 % en 30 ans, même si les Français rencontrent de nombreuses difficultés pour accéder au logement. La part de logements vacants est plus élevée dans les zones les moins denses en population, hors des zones de chalandise des villes, ainsi que dans les zones de moins de 200 000 habitants. A l’inverse, elle reste plus faible dans les zones en croissance de population ou dans celles connues pour leur attractivité touristique. Début 2021, les 10 % des Français les plus riches concentraient 44 % de l’ensemble du patrimoine immobilier français, selon un rapport d’Oxfam.On a même calculé que 3,5 % des ménages possèdent à eux seuls 50 % des logements locatifs.« , souligne Léa Guérin, coordinatrice du rapport.