Un kiosque à journaux, le 21 mars 2020, à Paris (AFP / JOEL SAGET)
L’Etat veut trouver preneur pour le magazine 60 millions de consommateurs, édité par un établissement public depuis 1970, soulignant ses difficultés tandis que des salariés et même l’ancienne ministre déléguée Olivia Grégoire déplorent cette décision.
Pour l’ancienne ministre chargée de la consommation, Olivia Grégoire, 60 millions de consommateurs est « le titre d’information du consommateur » qui présente « les meilleures garanties de qualité, de neutralité et d’indépendance ».
Le magazine est édité depuis 1970 par l’Institut national de la consommation (INC), un établissement public basé à Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, et qui emploie une cinquantaine de personnes.
Alors que les représentants du personnel ont alerté à plusieurs reprises ces derniers mois sur une dégradation de sa santé financière, le cabinet de la secrétaire d’Etat à la Consommation Laurence Garnier a annoncé lundi à l’AFP que l’Etat « souhaite entreprendre » des démarches pour trouver un repreneur pour le magazine. .
L’objectif est de « doter le magazine de nouvelles ressources et expertises, qui lui permettront d’attirer de nouveaux lecteurs ». Pour l’instant, aucun acheteur n’a été identifié.
« La pérennité du titre nécessite un acheteur professionnel et expert du secteur, capable notamment d’investir dans le numérique et de piloter une nouvelle stratégie marketing et commerciale », précise encore le cabinet de Mme Garnier, observant que le magazine se réunit « depuis plusieurs années » de « difficultés majeures », avec un nombre d’abonnés passé de 140 000 en 2019 à 76 000 en 2024, et « un déficit persistant depuis 7 ans, qui a épuisé ses ressources ». trésor ».
Un point non négligeable, dans un contexte de recherche d’économies pour l’Etat, « cette évolution du statut du magazine contribuera également à optimiser l’utilisation des fonds publics ». Un rapport parlementaire de 2022 évoquait déjà une « réduction progressive du montant de la subvention » à l’INC entre 2012 et 2020, de 6,3 millions d’euros à 2,7 millions d’euros.
– Inquiétudes et amertume –
Pour les représentants des salariés, c’est « abasourdi ». Début novembre, ils ont appelé le Premier ministre Michel Barnier à poursuivre sur la voie choisie par le gouvernement dirigé par Gabriel Attal, celle d’un « scénario rebond de l’INC » via une « contribution financière de l’Etat à hauteur de 3,2 millions d’euros ». millions d’euros.
L’annonce de lundi « est désastreuse car elle affaiblira considérablement l’information d’experts indépendants au service des consommateurs, laissant plus de place aux monologues sponsorisés des influenceurs et aux fausses nouvelles sur les problèmes des consommateurs », s’inquiètent les représentants des salariés, regrettant que « l’intérêt public soit rarement rentable financièrement ».
« Le premier secrétaire d’Etat exclusivement dédié à la consommation sonnera-t-il le glas de l’Institut national de la consommation ? Que deviendront 60 millions de consommateurs sans ingénieurs, sans avocats, sans économistes… Tous ces métiers qui travaillent depuis longtemps pour le journal » ? Que deviendra l’INC sans ses principaux médias ? s’interrogent les représentants du personnel, demandant « le maintien et l’application du plan Olivia Grégoire ».
Dans un communiqué transmis à l’AFP, ce dernier a déclaré : « Je déplore amèrement que l’arbitrage que j’ai pu obtenir » en faveur d’une relance du titre via des investissements de l’Etat « n’ait pas été maintenu ». Elle a adressé ses « pensées » « aux salariés de l’INC, ainsi qu’aux consommateurs qu’ils se sont toujours efforcés d’informer au mieux ».
L’INC a été créé en 1966 et a pour mission de fournir une bonne information aux consommateurs et de « promouvoir une consommation responsable ». Elle regroupe un centre d’essais comparatifs de produits et services ainsi qu’un département d’études juridiques et économiques, détaille-t-elle sur son site Internet. Ses salariés affirmaient début novembre que sans une aide urgente de l’Etat, l’INC risquait de ne pas traverser « l’année 2025 ».