Le gouvernement veut simplifier radicalement le bulletin de salaire
Rares sont ceux qui peuvent prétendre lire et comprendre l’intégralité de leur fiche de paie sans prise de tête. Après de nombreuses autres tentatives lancées ces vingt-cinq dernières années, le gouvernement renoue avec la simplification, avec l’objectif de réduire radicalement le nombre de lignes d’ici 2027.
Cette proposition fait partie du projet de loi de simplification que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, doit présenter en Conseil des ministres le 24 avril.
Principe du « dites-nous une fois » dans les relations avec l’administration, fin progressive des formulaires administratifs Cerfa, dépénalisation de certaines sanctions prononcées en cas de non-respect des obligations déclaratives, assouplissement des processus de transmission d’entreprises, etc. : le texte transmis au Le Conseil d’Etat – ce que « Le Monde » a révélé et que « Les Echos » a pu consulter – esquisse moins une révolution que l’agrégation de multiples mesures techniques censées faciliter la vie des chefs d’entreprise.
Tentatives infructueuses
Celui des salariés doit l’être aussi, grâce à la refonte du bulletin de paie. Rien de nouveau cependant sous le soleil : l’étude d’impact du projet de loi identifie cinq lois ou décrets depuis 1998, qui auraient déjà dû simplifier ce document ! « Malgré ces initiatives successives, la fiche de paie se caractérise encore par une trop grande complexité », reconnaît l’exécutif.
Bercy juge néanmoins que cette complexité ne peut s’expliquer uniquement par la frénésie bureaucratique. Il est aussi « la conséquence directe des modes de financement de la protection sociale en France », ainsi que le fruit des multiples usages du bulletin, qui fait également office « d’attestation des revenus du salarié auprès de tiers, de document de référence dans le domaine ». événement de contrôle et d’accompagnement souvent privilégié par l’employeur pour transmettre l’information au salarié. En juillet dernier, une ligne « montant net social » a été ajoutée pour permettre aux salariés de trouver plus facilement les ressources à déclarer pour obtenir la prime d’activité ou le RSA (de la CAF).
« Excessivement complexe »
Mais le gouvernement est d’accord, « le format actuel paraît excessivement complexe au vu des usages qui en sont faits ». Il est donc proposé de créer une « fiche de paie mensuelle très simplifiée » dans laquelle « seuls les principaux agrégats composant la rémunération seraient désormais restitués sans le détail des cotisations sociales versées ». Dans l’exemple donné dans l’étude d’impact, le bulletin passerait d’environ 55 lignes à une trentaine, ce qui reste considérable, mais qui modifierait clairement la perception visuelle.
Bercy prévient que l’employeur doit néanmoins pouvoir mettre à disposition du salarié qui en fait la demande les « informations nécessaires à la reconstitution des montants qui figurent sur son bulletin ». Cette nouvelle refonte ne sera pas immédiate, l’exécutif donnant aux éditeurs de logiciels jusqu’en 2027 pour s’adapter.
Le gouvernement va supprimer cinq commissions administratives
Gabriel Attal avait promis, lors de son discours de politique générale fin janvier, de supprimer « toutes les instances, toutes les organisations, toutes les commissions ou autres qui ne se seraient pas réunies au cours des douze derniers mois ». Le projet de loi de simplification opère déjà un premier assainissement, en mettant fin à cinq commissions administratives consultatives. Il s’agit du Conseil supérieur de l’aviation civile, de la Commission supérieure du numérique et des postes, du Conseil stratégique de la recherche, de la commission chargée d’évaluer l’aptitude à exercer les fonctions d’inspecteur général ou de contrôleur général et, enfin, du comité national de gestion des risques forestiers. Par exemple, le Conseil stratégique de la recherche ne s’est pas réuni depuis 2015.