Quelques jours avant les nouvelles délibérations de Fitch et Moody’s sur la dette française, le gouvernement Attal, notamment le ministère de l’Economie, est sous tension. C’est vendredi 26 avril que les deux agences de notation rendront leur verdict sur les annotations actualisées.
La communication des deux agences est très attendue par le gouvernement français, mais aussi par les spécialistes, les observateurs et les parties prenantes, compte tenu notamment de la réputation des deux entités, mais aussi du fait que l’annonce interviendra à la suite de rumeurs sur une future procédure de déficit excessif qui l’Union européenne s’apprête à dicter à la France.
Le contexte est, en effet, lourd pour la France qui reste sur une image peu radieuse après la confirmation du dérapage du déficit public par le gouvernement lui-même et la récente remise en cause de la nouvelle trajectoire budgétaire de l’exécutif par la Cour des comptes.
Ce dernier a utilisé des termes déshonorants à l’égard des projections du gouvernement : « Manque de crédibilité et de cohérence » Et » incomplet » sont les propos tenus par le Conseil supérieur des finances publiques de la Cour. Fin mars dernier, lors de son premier verdict, Moody’s jugeait déjà, dans un avis rendu mercredi 27 mars, « improbable » l’objectif fixé par Bercy de ramener le déficit public en dessous de 3 %.
La notation Moody’s particulièrement redoutée
L’agence américaine a pointé du doigt un « Un déficit plus important que prévu (qui) est presque entièrement dû à des recettes inférieures aux prévisions ». Moody’s, qui a souligné les risques inhérents à la stratégie budgétaire à moyen terme du gouvernement, a déjà alerté sur une augmentation de la dette publique à partir de 2024 pour la France, avec pour conséquences des coûts liés aux intérêts. «du jamais vu depuis plus de 20 ans».
Et les chances de voir l’agence américaine se retirer à peine un mois plus tard restent très minimes, voire nulles, estiment spécialistes et observateurs. « Je pense qu’il y a une réelle probabilité de dégradation (de la note de Moody’s, ndlr) », estime Éric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg, cité par Europe 1. « Lorsque l’on compare les perspectives de croissance économique, de déficit budgétaire et de dette publique de la France et d’autres pays européens notés de manière similaire, voire inférieure, la France ne fait pas favorablement la comparaison. »il ajoute.
Même s’il exclut une nouvelle dégradation de la note française après celle de 2023, Fitch, de son côté, retrouve également les objectifs français « de plus en plus hors de portée », dans une communication en début de mois. A la veille de la remise des notes, c’est donc le grand suspens pour la France qui accumule quelque 3 100 milliards de dettes contractées. Ces annotations d’agence portent sur la solvabilité et la capacité des États, dont la France, en l’occurrence, à rembourser leurs dettes.