En Chine, l’utilisation abusive de masques en silicone inquiète de plus en plus le gouvernement. Le pays fait face à une vague de cambrioleurs utilisant ces déguisements pour tromper les caméras et la reconnaissance faciale du gouvernement. Des masques facilement accessibles en ligne et entièrement personnalisables.
Changer de visage comme on change de vêtements : voilà ce qui pourrait être possible avec des masques en silicone de plus en plus réalistes. En Chine, les autorités s’inquiètent déjà de l’utilisation abusive de ces déguisements pour commettre des délits et, de manière générale, passer sous le radar.
En effet, le pays a connu une série de cambriolages dans plusieurs grandes villes. Par exemple, à Shanghai, un homme d’une quarantaine d’années s’est introduit dans quatre appartements d’une même résidence, et aurait dérobé plus de 100 000 yuans, soit environ 12 700 euros, rapporte le média Xinwen Chenbao. L’homme avait utilisé un masque facial le transformant en vieil homme.
À Xuzhou, dans l’est du pays, la police a également lié une vingtaine de cambriolages à un seul homme, qui utilisait des masques différents pour commettre ses crimes.
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D’après une enquête du média chinois Legal Daily, il n’est pas non plus difficile de se procurer des masques en silicone en ligne. Ils peuvent coûter quelques centaines ou plusieurs milliers de yuans : 25 000 yuans pour les plus réalistes, environ 3 100 euros.
En un mois, des vendeurs seraient capables de réaliser une réplique quasi parfaite du visage d’une célébrité et, plus inquiétant encore, de prétendre pouvoir recréer les traits de n’importe quelle personne à partir d’une simple photo. Ainsi, avec quelques photos, un individu pourrait commander un masque à l’effigie de son collègue, de son voisin, d’un ami… Certaines boutiques en ligne joueraient même sur la capacité des produits à détourner l’attention des innombrables caméras installées en Chine.
Selon les recherches des médias chinois, les fabricants ne demandent pas d’informations sur l’identité de l’acheteur ni sur ses intentions d’utilisation. Une personne pourrait ainsi utiliser le visage d’une connaissance pour commettre des délits ou même filmer des vidéos compromettantes.
Des masques qui trompent les humains
En 2023, un blogueur a réussi à passer la sécurité faciale d’un téléphone grâce à un masque, ainsi qu’un système de paiement et le système de contrôle d’une entreprise, rappelle le média chinois Xin Kuaibao. Mais les machines ne semblent pas être les seules à faire défaut face à des masques de plus en plus crédibles.
Il y a quelques années, une étude de l’Université de York et de Kyoto a montré que les masques en silicone étaient de plus en plus difficiles à différencier des vrais visages.
Dans cette étude, des photos ont été présentées à plusieurs participants, alternant entre un visage « normal », réel, et un masque en silicone. Une fois sur cinq, les sujets ont pointé du doigt la photo d’un masque, pensant qu’il s’agissait d’un vrai visage. Les humains peuvent donc, dans une proportion de 20 %, ne pas identifier un masque en silicone comme tel.