le gouvernement s’en prend aux voitures de société, pas assez vertes
Ceux-ci « ne sont pas à la hauteur de verdir leur flotte », a déploré jeudi la ministre déléguée à l’Energie, Olga Givernet.
Les voitures de société dans le viseur du gouvernement. Les entreprises pourraient être davantage incitées à électrifier leur flotte automobile, élément clé pour amener ces modèles sur le marché de l’occasion. Les entreprises, qui achètent près de 50 % des véhicules neufs, « ne sont pas à la hauteur pour verdir leur flotte et acheter des véhicules décarbonés »a déploré jeudi la ministre chargée de l’énergie, Olga Givernet, lors d’une visite au Mondial de l’Automobile de Paris. «Je suis prêt à aller très loin sur les obligations qui incombent à ces entreprises»a ajouté le ministre. Revendu quelques années après un premier achat, « ce seront les véhicules d’occasion de demain »a-t-elle précisé.
Les entreprises disposant d’une flotte de plus de 100 véhicules (soit seulement 0,1 % d’entre eux) doivent déjà acheter 20 % de véhicules à faibles émissions (électriques et hybrides rechargeables) lors du renouvellement de leur flotte. Mais cette obligation ne s’accompagne pas de sanctions. Ainsi, en 2023, 60 % des entreprises concernées n’ont pas respecté ces quotas, selon les données d’enregistrement consultées par le groupe de réflexion Transport & Environnement (T&E). Et au premier semestre 2024, 11 % des voitures de société neuves étaient électriques en France, contre 35 % en Belgique et au Danemark, où de fortes incitations fiscales ont été mises en place.
En France, parmi les bons élèves, La Poste dispose d’un parc électrique de 38 000 véhicules et vélos électriques, soit 52 % de son parc total. Parmi les mauvais élèves, le groupe Carrefour (4% des hybrides électriques et rechargeables en 2023) affirme être entré « dans un processus de verdissement constant et ininterrompu » avec 54% de véhicules dits « faire le ménage » commandé depuis le début de l’année. Iliad (société mère de Free) a reconnu avoir « j’ai eu un peu de retard »mais « les solutions disponibles jusqu’à présent n’étaient pas satisfaisantes » notamment en termes d’autonomie électrique, a indiqué un porte-parole à l’AFP. Le groupe a passé commande de Renault électriques fabriquées en France et prévoit d’avoir 25 % de véhicules à batterie dans sa flotte d’ici fin 2025.
Au Parlement
Le député macroniste Damien Adam a proposé début 2024 une loi pour renforcer ces obligations, provoquant un tollé de la part de plusieurs professions, comme les loueurs de courte durée. Ils estiment qu’un saut trop rapide vers l’électrique mettrait en péril leur trésorerie. L’examen du projet de loi a été reporté à une date ultérieure, faute de temps (et le député n’a pas été réélu). Juste avant la dissolution, Olga Givernet, ingénieure de formation, a été nommée co-rapporteuse d’une mission flash sur l’écologisation des flottes. Les éventuelles sanctions évoquées par le ministre ne figurent pas dans le projet de loi de finances dont l’examen débute lundi soir à l’Assemblée nationale. « Nous avions fait un travail avant la dissolution en tant que parlementaires, ce travail a repris »a-t-elle dit jeudi.
Si les particuliers hésitent déjà face à l’électricité, les entreprises ont besoin d’encore plus de visibilité à moyen et long terme, expliquent les professionnels. « Qu’il y ait ou non une fiscalité avantageuse, il existe une obligation impérative de passer à des véhicules moins polluants », « Autant le faire le plus tôt possible »assure Laurent Petit, directeur marketing d’Alphabet France, la société de location longue durée de BMW. Les véhicules électriques conviennent à la grande majorité des usages, selon lui. Mais les grandes entreprises « se poser des questions dans un environnement particulièrement instable »: « s’engager aujourd’hui dans un véhicule, c’est l’avoir pour 12 ou 60 mois »tandis que la fiscalité « évolue d’année en année »souligne-t-il.
Par ailleurs, près de la moitié des voitures de société sont des voitures de société, également utilisées pour les déplacements personnels des salariés, selon une nouvelle analyse publiée par T&E. Cet avantage en nature n’incite pas suffisamment les entreprises et les salariés à abandonner l’essence, en plus d’être sous-évalué dans le calcul des cotisations sociales et de faire perdre à l’entreprise près de 4 milliards d’euros par an. État et Sécurité Sociale, selon calculs T&E. Carrefour a indiqué avoir instauré une indemnité annuelle pour les cadres supérieurs qui renoncent à un véhicule, et une prime exceptionnelle pour les salariés qui optent pour un véhicule électrique pour la première fois.