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Le gouvernement japonais va indemniser les victimes de stérilisation forcée

Au moins 25 000 hommes et femmes japonais ont été stérilisés de force entre 1948 et 1996 en vertu d’une loi eugéniste utilisée contre les personnes handicapées ou perçues comme telles.

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Le Premier ministre japonais Fumio Kishida prononce un discours lors de la cérémonie de clôture du Sommet des affaires asiatiques à Tokyo, le 5 juillet 2024. (YUICHI YAMAZAKI / AFP)

« La pire violation des droits de l’homme depuis la guerre » : C’est ainsi que les avocats décrivent la stérilisation forcée de dizaines de milliers de Japonais, plus d’un demi-siècle après la guerre, en vertu d’une loi eugéniste. Cette semaine, les victimes qui réclamaient une indemnisation pour leur vie ruinée ont gagné leur procès devant la Cour suprême du Japon.

Il y a quelques mois, la septuagénaire Junko Izuka évoquait le calvaire qu’elle avait enduré près de 60 ans plus tôt : une opération de stérilisation forcée. « À l’âge de 16 ans, j’ai subi une opération chirurgicale sans aucune explication. À cause de cette opération, j’ai été complètement privée du rêve modeste qui était le mien, celui d’un mariage heureux avec des enfants. »

Cette semaine, la justice a finalement statué en faveur de Junko Izuka et des autres plaignants. Entre 1948 et 1966, au moins 25 000 hommes et femmes japonais ont été stérilisés en vertu d’une loi eugéniste appliquée contre les personnes handicapées ou perçues comme telles, sans leur consentement. La Cour suprême a ordonné au gouvernement de payer des dommages et intérêts.

Le Premier ministre Fumio Kishida a reconnu la décision : « Nous paierons rapidement les dommages et intérêts comme le prévoit le verdict de la Cour suprême et je rencontrerai en personne les victimes de ces stérilisations forcées en réponse à leurs souhaits. Je voudrais leur présenter mes excuses directement après avoir écouté leur douloureuse expérience. »

Bien que le gouvernement ait déjà partiellement reconnu les faits et proposé un programme d’indemnisation que les plaignants considéraient comme insuffisant, il a réfuté leurs arguments devant les tribunaux pendant des années. Au final, la Cour suprême a jugé que la loi sur l’eugénisme, abolie en 1996, était inconstitutionnelle et a vivement critiqué le gouvernement, qui a continué à défendre la légitimité de la législation à l’époque.

Le Premier ministre impopulaire est désormais contraint de changer de cap. « Les opérations de stérilisation forcée constituent une violation intolérable des droits de l’homme » Mais même s’ils sont encore en vie, des milliers de personnes qui ont été opérées contre leur gré alors qu’elles étaient encore enfants ignorent encore aujourd’hui qu’elles ont été victimes de cette loi.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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