Le gouvernement italien de Giorgia Meloni veut-il repousser l’âge de la retraite à 70 ans ? – Libération
À l’heure où plusieurs organisations politiques françaises militent pour un retour en arrière sur la réforme des retraites de 2023, l’Italie se dirige-t-elle vers la retraite à 70 ans ? Sur les réseaux sociaux, plusieurs responsables politiques français ont posté des messages l’affirmant, comme la députée insoumise Clémence Guetté, qui s’est indignée : « L’extrême droite italienne veut une retraite à 70 ans. Pendant la campagne, Meloni a promis quelque chose de complètement différent. L’extrême droite et le néolibéralisme vont toujours de pair. »
L’extrême droite italienne veut la retraite à 70 ans.
Durant la campagne, Meloni a promis quelque chose de complètement différent.
L’extrême droite et le néolibéralisme vont toujours de pair. https://t.co/NlcPrnxsTF
– Clémence Guette (@Clemence_Guette) 12 septembre 2024
Le tweet du député LFI s’appuie sur un article de BFM annonçant : « Italie, le ministre de l’Economie veut la retraite à 70 ans ». Sur l’image, une capture d’écran de la chaîne d’information en continu montre cette bannière « Retraites : l’Italie passe aux 70 ans ! »
Manuel Bompard, également député LFI, a publié un message similaire : « En Italie, une fois au pouvoir, les amis de Le Pen et de Bardella veulent une retraite à 70 ans. »
Dans l’autre camp politique, Aurélien Véron, conseiller municipal de Paris, a également relayé : « Le ministre de l’Economie italien annonce vouloir fixer l’âge de la retraite à 70 ans. En Allemagne, on envisage de relever ce seuil de 67 à 71 ans… Principe de réalité financière et démographique : faire des enfants ! »
Si elles sont fondées sur une quelconque vérité, ces déclarations sont trompeuses. Dans une interview avec Courrier de la Serra, Le 9 septembre, le ministre de la Fonction publique, Giovanni Zangrillo, expliquait vouloir rendre l’administration plus efficace en embauchant 350 000 jeunes salariés, mais aussi en gardant ses professionnels les plus expérimentés, à condition qu’ils soient volontaires. Dans cet entretien, le ministre propose plusieurs mesures pour répondre aux défis de la gestion des ressources humaines dans le secteur public, notamment en raison du vieillissement des effectifs et des difficultés de recrutement dans les disciplines STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques).
Ce qui l’a amené à réfléchir à la « report de l’âge de la retraite »Interrogé sur cette idée, le ministre a expliqué que « Je voudrais tout d’abord souligner que les salariés du secteur de la sécurité et de la défense partent en retraite à 60 ans, alors que tous les autres partent en retraite à 65 ans avec au moins 42 ans et je ne sais combien de mois de cotisations, ou à 67 ans. Lors de l’élaboration du plan budgétaire à moyen terme sur sept ans, qui sera inclus dans la prochaine loi de finances, nous avons discuté avec le ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti de la possibilité d’étudier plus avant la possibilité de maintenir les gens en service jusqu’à 70 ans. C’est précisément parce que nous embauchons un très grand nombre de personnes et beaucoup de jeunes. »
Et d’expliquer que la proposition s’appliquerait à « les administrations, y compris décentralisées, qui considèrent comme un levier de gestion important le maintien dans l’emploi d’un certain nombre de salariés jusqu’à 70 ans en pourcentage du turnover (taux de renouvellement du personnel d’une entreprise ; ndlr). Sur la base du volontariat »Selon le ministre, cela devrait concerner environ 10% des départs annuels en fonction du renouvellement des effectifs de la fonction publique.
A ce stade, aucune proposition générale visant à relever l’âge de la retraite à 70 ans n’a été formulée pour tous les Italiens, ni même pour les fonctionnaires. Le projet, actuellement étudié par le ministère de l’Administration publique en concertation avec le ministère de l’Economie, concernerait donc les fonctionnaires volontaires. De quoi toutefois provoquer l’opposition des principaux syndicats, comme le rapporte l’agence de presse italienne ANSA. Le chef de la Confédération générale italienne du travail (CGIL), Maurizio Landini, a qualifié l’hypothèse de « folie ».
Cette proposition intervient alors que le gouvernement italien, confronté à des difficultés budgétaires, a tourné le dos à la promesse de campagne de Meloni de réformer le système de retraite en introduisant un dispositif appelé « quota 41 », ouvrant la possibilité de commencer à travailler avec 41 années de cotisations, quel que soit l’âge.