Dans ses travaux préparatoires au budget 2025, le gouvernement sortant propose notamment de s’attaquer à l’apprentissage en réduisant les primes à l’embauche qui bénéficient à 850 000 apprentis.
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Le ministère du Travail devrait être la première victime des coupes budgétaires à venir dans le prochain budget, selon les documents préparatoires laissés par le gouvernement sortant et envoyés aux parlementaires jeudi 19 septembre.
Le prochain budget devait procéder à une coupe nette dans les dépenses allouées au travail et à l’emploi avec une baisse de 2,3 milliards d’euros, soit près de 7% sur un an. Parmi les premiers postes touchés : l’alternance, qui coûte aux finances publiques près de 17 milliards d’euros selon la Cour des comptes. Dans le viseur des rédacteurs du prochain budget, on retrouve notamment les primes à l’embauche, qui bénéficient actuellement à quelque 850 000 apprentis.
Aujourd’hui, un employeur qui embauche un apprenti de moins de 30 ans peut toucher 6 000 € d’aide la première année du contrat. Céline Morinière Lambert est directrice adjointe des ressources humaines du groupe Ingérop, un cabinet d’ingénierie qui emploie une centaine d’apprentis par an, dont une majorité d’apprentis. Si les aides s’arrêtent, le groupe devra trouver d’autres solutions, souligne-t-elle.
« Dans certaines entités qui composent le groupe, il y a des structures qui devront revoir légèrement à la baisse leurs plans sur ce type de recrutement ou les remplacer par des stagiaires. »
Céline Morinière Lambert, Directrice adjointe des RH chez Ingéropà franceinfo
Les aides menacées concernent les apprentis de niveau licence ou master avec à la clé, plus de 550 millions d’euros en 2025 selon les dernières estimations de l’administration. Des apprentis qui n’ont pas toujours besoin de l’alternance pour trouver un emploi, reconnaît Céline Morinière Lambert. « Le dispositif a été mis en place de manière très large dans le contexte de la crise du Covid, donc cela avait du sens. Mais il est vrai que dans certains secteurs qui sont plus en position de force sur le marché du travail, il y a peut-être moins besoin d’aider à l’insertion. »
Le taux d’emploi des 15-24 ans a néanmoins progressé d’une dizaine de points depuis 2020, en grande partie grâce à l’alternance, arguent les défenseurs de ce dispositif. Car l’objectif est bien celui de l’emploi, rappelle Eric Chevée, vice-président de la CPME.
« Depuis 40 ans, c’est la seule politique publique qui a eu un effet massif sur l’emploi, et en particulier sur l’emploi des jeunes. »
Eric Chevée, vice-président de la CPMEà franceinfo
« Je suis heureux que tous les économistes nous donnent des théories fantastiques sur l’épargne, sur les effets d’aubaine, etc. Mais qu’ils me citent une autre politique qui a eu un effet sur l’emploi à ce niveau, même si elle est coûteuse », Eric Chevée s’énerve.
Selon le gouvernement sortant, la baisse des aides à l’apprentissage se justifie par le fait que la France connaît le taux de chômage le plus bas enregistré depuis plus de 40 ans, proche de 7% de la population active. Côté Etat, l’objectif est toujours d’atteindre un million de nouveaux contrats d’apprentissage par an d’ici 2027 malgré la baisse de ces aides.