ENTRETIEN – Le gouvernement de Michel Barnier, fruit du front républicain construit entre les deux tours des législatives, ne reflète pas la réalité politique du pays, analyse le politologue Stéphane Rozès. Selon lui, l’enjeu pour le Premier ministre est d’éviter d’unifier les oppositions NFP et RN.
Stéphane Rozès, président de Cap, est l’ancien directeur général de l’institut de sondage CSA. Il est l’auteur de « Chaos. Essai sur l’imagination des peuples » (Éditions du Cerf, 2023).
LE FIGARO. – Au vu de la composition du nouveau gouvernement, avec un certain nombre de ministres issus des rangs macronistes, peut-on réellement parler de « cohabitation » ?
Stéphane ROZES. – Les trois cohabitations précédentes ont vu, dans un régime semi-présidentiel, la légitimité du Parlement nouvellement élu s’imposer par la voie d’une majorité politique absolue sur la légitimité du président élu par tous les Français.
La situation actuelle est très différente. Le Parlement issu de la constitution d’un front républicain anti-RN a généré trois blocs idéologiques : le NFP, le RN et le gouvernement Barnier. Ce dernier représente le troisième bloc, un mélange entre la droite LR et l’ancienne majorité présidentielle.
Ce n’est ni un gouvernement de cohabitation, ni un remaniement gouvernemental, c’est un gouvernement…
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