Le gouvernement de Hong Kong cible les exilés pro-démocratie
Le gouvernement de Hong Kong, sous les ordres directs de Pékin, cible les exilés hongkongais. Non seulement il a offert l’an dernier une récompense de 100 000 euros pour la capture d’une poignée de 13 militants pro-démocratie réfugiés à l’étranger, mais il vient d’annoncer avoir annulé les passeports de six d’entre eux. Aux yeux des autorités hongkongaises, ces militants ont » s’est enfui « au Royaume-Uni pour échapper à la répression de la dissidence sur le territoire chinois, les qualifiant « des criminels sans foi ni loi ».
Intimidation permanente
Pour Benedict Rogers, militant britannique des droits de l’homme et fondateur de l’ONG Hong Kong Watch à Londres, « Les criminels sans foi ni loi qui dirigent actuellement le gouvernement de Hong Kong calomnient et terrorisent ces courageux Hongkongais qui veulent simplement la liberté, les droits de l’homme, l’État de droit et l’autonomie comme promis dans la Déclaration commune sino-britannique que Pékin a limogée ».
Même à des milliers de kilomètres de là, ces exilés politiques qui ont fui la répression après les manifestations massives de 2019 à Hong Kong sont constamment soumis aux pressions et aux intimidations du gouvernement chinois à Hong Kong.
Insécurité
« Nous ne nous sentons en sécurité nulle part, assure le journaliste et activiste Alan Liu, réfugié à Tokyo depuis trois ans, parce que les autorités de Hong Kong invoquent à plusieurs reprises nouvelles lois sur la sécurité nationale pour nous intimider et nous menacer. » Lui-même a vu son compte bancaire bloqué du jour au lendemain parce qu’il était en première ligne des manifestations de 2019.
Aux yeux des dirigeants politiques hongkongais nommés par Pékin, les six militants « continuer à s’engager ouvertement dans des activités qui menacent la sécurité nationale (…). Nous avons donc pris des mesures pour leur porter un coup dur.».
Les six personnes ciblées par les autorités étaient accusées de « collusion avec les étrangers, incitation à la sécession et à la subversion », les crimes qui violent la loi sur la sécurité nationale et sont passibles de la réclusion à perpétuité. Cette annonce intervient au moment du cinquième anniversaire des manifestations immenses, parfois violentes, du mouvement pro-démocratie du printemps 2019.
« Une décision inutile »
Les six militants concernés sont Nathan Law, l’une des figures de proue du mouvement pro-démocratie et ancien élu du Conseil législatif de la place financière, le syndicaliste expérimenté Mung Siu-tat et les opposants Simon Cheng, Finn Lau, Fok. Ka-chi et Choi Ming-da.
Finn Lau a expliqué qu’il ne détenait qu’un British Overseas Passport (BNO, pour « British National Overseas ») délivré aux Hongkongais nés avant la rétrocession de la colonie à la Chine en 1997, et qu’il ne disposait pas de passeport délivré par Hong Kong. « C’est ridicule d’annuler quelque chose qui n’a jamais existé »a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur le réseau social » inutile « depuis qu’il a obtenu l’asile au Royaume-Uni en 2021. Et que tous ces exilés n’envisagent pas du tout de retourner à Hong Kong de si tôt.