Ces dernières semaines, des milliers de femmes chinoises ont été contactées par des autorités pour les encourager à procréer.
Depuis plusieurs semaines, des dizaines de milliers de femmes chinoises, selon les informations de RFI, sont la cible d’une campagne de démarchage extrêmement invasive. Elles sont contactées par des fonctionnaires qui les interrogent pour savoir si elles sont enceintes et, dans le cas contraire, leur conseillent d’y réfléchir. Cette mesure s’inscrit dans la campagne de communication du gouvernement chinois en faveur de la natalité, alors que la Chine est confrontée à une crise démographique.
Yumi Yang, une femme de 28 ans interrogée par le correspondant de New York Times raconte comment les fonctionnaires ont investi dans sa vie personnelle. Excessivement. Tout a commencé lorsqu’elle a enregistré son mariage avec son mari. Le fonctionnaire lui a donné gratuitement des vitamines prénatales. Puis un fonctionnaire l’a contactée lorsqu’elle est tombée enceinte. Ensuite, ils se sont présentés à sa porte après son accouchement pour prendre des photos d’elle et de son bébé. « Quand ils sont venus chez moi, c’était vraiment ridicule »dit Yumi Yang. «J’étais un peu dégoûté. »
Wang, une femme mariée de 36 ans interrogée par RFI, a confirmé que les autorités locales étaient de plus en plus insistantes sur le sujet de la maternité. Lors de sa dernière conversation avec un fonctionnaire, elle a tenu tête à son interlocuteur : « Veux-tu payer pour m’aider ? » Vas-tu accoucher à ma place ? M’aiderez-vous à faire face aux douleurs et aux séquelles de l’accouchement, telles que la prise de poids et la perte de cheveux ? Sans parler de l’épuisement de se réveiller jour et nuit pour nourrir bébé. Si vous ne pouvez pas m’aider, arrêtez de dire des choses inutiles. » dit-elle avant de raccrocher.
Selon 10 femmes interrogées par le New York Times Dans une maternité, sept ont déclaré que les autorités leur avaient demandé au préalable si elles envisageaient d’avoir des enfants. Une situation difficile pour certains, qui expliquent ne pas pouvoir répondre « le coût élevé de l’éducation des enfants et la façon dont elles doivent jongler entre la maternité, leur carrière et leurs autres ambitions »écrit le quotidien américain.
LE New York Times cite ensuite l’exemple de Miyun, un quartier de Pékin comptant environ 500 000 habitants. Selon des informations quotidiennes, les responsables locaux du planning familial ont mis en place l’année dernière une équipe de propagande de 500 personnes pour promouvoir « la cause ». L’équipe a contacté plus de la moitié des couples « adapté à l’âge » de Miyun au moins six fois, est-il précisé.
L’année dernière, la population chinoise a diminué pour la deuxième année consécutive. Le Bureau national des statistiques de Pékin faisait état début 2024 d’une population de 1,409 milliard d’habitants à fin 2023, ce qui représente une diminution de quelque deux millions d’individus par rapport à fin 2022. Face à la crise démographique annoncée, le gouvernement a fait une communication abondante en faveur de la natalité et les autorités locales versent désormais davantage d’allocations familiales – qui restent modestes. Sans grand effet pour le moment.