Le gouvernement Barnier connaît ses premières dissonances
Dès ses premiers pas, le jeune gouvernement Barnier s’est embrouillé, mardi 24 septembre. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a tenu des propos sur l’immigration et la justice que Marine Le Pen ne reniera pas, mais contre lesquels deux de ses collègues se sont élevés. Quant au jeune ministre de l’Economie, Antoine Armand, il a jugé que le Rassemblement national (RN) ne s’inscrivait pas dans « l’arc républicain », ce qui lui a valu des remontrances de la part de cette même Marine Le Pen, et un rappel à l’ordre de la part de Michel Barnier. Deux bourdes qui montrent l’influence de l’extrême droite sur ce nouvel exécutif.
S’affranchissant de la règle commune édictée par le Premier ministre à son gouvernement, selon laquelle « agir avant de communiquer »Bruno Retailleau est omniprésent dans les médias depuis son arrivée place Beauvau. Il donne le ton de la période qui s’ouvre : il n’aura « Un seul mot d’ordre : rétablir l’ordre »et veut, dit-il, « prendre tous les moyens » faire « réduire l’immigration en France ». Nouvelle loi sur le sujet, réforme de l’aide médicale d’État (AME), rétablissement du « délit de séjour irrégulier » supprimé sous François Hollande, contrôles aléatoires aux frontières, « Nous allons voir jusqu’où nous pouvons aller », avait-il lancé, lundi soir, sur TF1.
Les convictions du sénateur vendéen sont parfaitement connues de la classe politique, mais les entendre martelées depuis le ministère de l’Intérieur révolte non seulement la gauche, mais aussi une partie de la Macronie. « Retailleau ferait passer Sarkozy pour un gauchiste, se moque le député non inscrit de la Vienne Sacha Houlié, ancien président (Renaissance) de la commission des lois de l’Assemblée nationale. C’est le retour du Trocadéro, n’est-ce pas !
Plus embêtant pour la cohésion gouvernementale, les Vendéens ont ciblé la justice, réclamant « de changer une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s’imposer ce droit à la non-exécution des peines. » Une pierre dans le jardin de son collègue, le ministre de la Justice, Didier Migaud. M. Retailleau « Il faut savoir que la justice est indépendante dans notre pays » Et « Ce n’est pas toujours exact » de prétendre qu’elle « est lent ou ne condamne pas suffisamment », a répondu l’ancien député socialiste de l’Isère, en déclarant » prêt » avoir « un certain nombre d’échanges avec Bruno Retailleau ».
Si la confrontation entre la justice et l’intérieur est un classique de la vie de cabinet, l’échange de mots entre les deux hommes fait mauvais effet, alors que le gouvernement est à peine installé, et que Michel Barnier a appelé, dimanche soir, à « cohésion » et à « fraternité » au sein de son équipe« Bruno Retailleau a commencé par attaquer la justice parce qu’il ne veut pas attaquer ses policiers, et ne veut pas dire qu’on a un taux d’élucidation désastreux » (6% pour les vols, 7% pour les cambriolages en 2022, selon les statistiques du ministère de l’Intérieur), raille l’ancien ministre socialiste de la Justice, Jean-Jacques Urvoas.
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