Avant la projection de son film « Moi aussi », Judith Godrèche, et les membres de son équipe, ont marqué les esprits sur les marches du Palais des Festivals en croisant les mains devant la bouche, symbole du silence imposé aux victimes. de violences sexuelles.
Présente au Festival de Cannes ce mercredi pour présenter son court métrage percutant « Me Too », Judith Godrèche, devenue ces derniers mois la figure de proue de la lutte contre les violences sexuelles, a posé un geste fort immortalisé par les caméras du monde entier.
Pour dénoncer le silence autour des violences sexuelles, entourée de ses enfants Tess Barthélemy et Noé Boon, de la journaliste Rokhaya Diallo et de son équipe – qui tous à l’unisson ont fait ce même geste – elle a posé les mains sur sa bouche.
Ce geste symbolique très fort, repris depuis par des milliers de personnes sur les réseaux sociaux, apparaît également dans son court métrage, une chorégraphie qu’elle a mise en scène, entourée d’un millier de victimes de violences sexuelles.
Autant d’expériences individuelles qui s’ajoutent aux siennes et soulignent leur caractère tristement répandu. Les voix off évoquent les souffrances endurées par ces victimes, « certaines dès l’âge de trois ans, d’autres depuis plus d’une décennie, maltraitées par un beau-père, un enseignant, un collègue ou un prêtre », détaille AP. « Comment transformer la honte ? Pas par fierté, personne n’est fier d’avoir été agressé sexuellement. Mais partager quelque chose qu’on pourrait tous se dire : ‘On a fait ça ensemble et on peut en être fiers' », analysait récemment Judith Godrèche pour l’AFP.
«C’est notre histoire. C’est votre histoire. Ce film est le vôtre. Vos visages. Vos regards. Ta beauté. Merci pour la confiance. Je mesure sa valeur. C’est énorme. J’aimerais que ce film soit sur votre table de chevet. Comme un livre ou un mot qui nous sourit, nous soutient et nous rappelle que nous ne sommes pas seuls et seuls quand tout échoue », leur a écrit l’actrice et réalisatrice.
Judith Godrèche a tourné ce film de 17 minutes lors d’un rassemblement parisien de centaines de femmes qui, portées par son élan, lui ont écrit leurs propres histoires d’abus sexuels. On y retrouve également sa fille Tess Barthélemy.
Une héroïne dans les films et dans la vie
Comme l’a salué le délégué général du festival de Cannes Thierry Frémaux avant la projection du film « Me Too », Judith Godrèche a tenu une déclaration importante dans cette grande révolution #MeToo.
Depuis qu’elle a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, et son discours poignant lors de la cérémonie des César, Judith Godrèche est devenue une fervente défenseure des victimes de violences sexuelles au cinéma et au-delà. Ses paroles courageuses, toujours justes, forcent l’admiration et ont fait de lui un symbole d’espoir et de solidarité d’une grande puissance. Déterminée à ce que le mouvement pour la liberté d’expression ne tombe pas dans l’oubli et qu’il s’accompagne à terme de changements sociétaux majeurs, elle intervient au Sénat et à son initiative, une commission d’enquête est ouverte.
« Jusqu’à récemment, les champions #MeToo n’avaient pas leur place dans ce type d’événement », a-t-elle déclaré, avant la projection de son film ce mercredi soir, citant le cas de l’actrice Adèle Haenel, qui a quitté la cérémonie des César 2020 en signe de protestation, après une remise de prix. a été confiée au cinéaste Roman Polanski, cible de multiples accusations d’abus sexuels sur mineurs. Judith Godrèche a ajouté : « Maintenant, notre place est ici, notre voix est forte et nous ne serons plus réduits au silence. »