Le « génie » de Fitzgibbon n’a pas opéré à Investissement Québec
Pierre Fitzgibbon a beau être, selon François Legault, un « génie des transactions financières », on ne peut pas dire que sa grande réforme d’Investissement Québec en 2020 se soit avérée brillamment rentable !
Investissement Québec (IQ), avec son portefeuille d’investissements et de prêts dans des entreprises québécoises, a affiché un rendement de 2,6 % en 2023-2024. Sur cinq ans, IQ affiche un rendement annualisé de 4,6 %.
À titre de comparaison, la BDC (Banque de développement du Canada), l’homologue fédéral d’IQ, a terminé l’exercice 2023-2024 avec un rendement de 4 %. Et sur cinq ans, le rendement annualisé de la BDC est de 9,9 %.
La BDC se révèle ainsi deux fois plus efficace qu’Investissement Québec. Il n’y a vraiment pas de quoi se féliciter.
La fameuse réforme Fitzgibbon n’a visiblement pas encore permis au QI d’offrir des performances compétitives !
PAS COMPÉTITIF
Il convient de noter que la mauvaise performance d’IQ intervient à un moment où les marchés financiers ont néanmoins enregistré des performances relativement bonnes.
Prenons le rendement de 2,6 % d’IQ pour la période du 1euh Avril 2023 au 31 mars 2024. Il s’agit d’une performance vraiment médiocre par rapport à la performance sur un an des « comparables financiers » suivants :
1. Indice S&P/TSX de Toronto : 14,0 %
2. Indice IQ-30 des entreprises québécoises cotées à Toronto : 8,1 %
3. Médiane des fonds de pension diversifiés : 12,2 %
4. Fonds diversifié iShares XBAL, coté à Toronto : 13,1 %
Le rendement à cinq ans de 4,6 % d’IQ est également difficilement compétitif par rapport au rendement annualisé des « comparables financiers » sur cinq ans jusqu’au 31 mars 2024 :
5. Indice S&P/TSX de Toronto : 10,0 %
6. Indice IQ-30 des entreprises québécoises cotées à Toronto : 9,73 %
7. Médiane des fonds de pension diversifiés : 7,13 %
8. Fonds diversifié iShares XBAL, coté à Toronto : 6,8 %
Il faut également noter qu’avec les Obligations boursières offertes par Épargne Placements Québec, qui sont totalement sans risque, le petit épargnant québécois a récolté un rendement annualisé de 6,34 % sur cinq ans !
CELA DIT…
La réforme Fitzgibbon a généré une forte augmentation des aides financières aux entreprises : les prêts aux entreprises sont passés de 4,4 milliards de dollars en 2019 à 6,1 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 38,6 %.
Le portefeuille d’actions d’IQ s’élève à 7,53 milliards de dollars, contre 4,26 milliards de dollars au 31 mars 2019. En hausse de 77 %.
IQ gère également un portefeuille de fonds obligatoires (FDE, FCEQ, CRNE) pour le compte du gouvernement. La valeur de ce portefeuille au 31 mars 2024 est de 7 milliards de dollars, soit à peu près la même valeur qu’au 31 mars 2019. Notez que ce portefeuille n’influence pas la performance d’IQ.
Durant ces cinq mêmes années, les effectifs d’IQ ont bondi de 143 %, passant de 534 salariés (mars 2019) à 1 296 salariés en mars 2024. Le nombre de managers s’élève à 175, soit 79 de plus qu’en mars 2019.
RÉMUNÉRATION DU PATRON
La rémunération des hauts dirigeants du QI a explosé depuis la mise en œuvre de la réforme du QI de Pierre Fitzgibbon.
Bicha Ngo, PDG d’Investissement Québec, a touché une rémunération totale de 1,1 million de dollars en 2023-2024. Auparavant vice-présidente, elle a remplacé Guy LeBlanc le 1er marseuh en février dernier. Il s’en est tiré avec une rémunération totale de 969 263 $ pour les 10 mois de travail accomplis à titre de PDG au cours de l’exercice 2023-2024.
Il y a cinq ans, l’ancien PDG Pierre Gabriel Côté a reçu une rémunération totale de 540 808 $ au cours de l’exercice 2018-2019, soit la moitié de celle de M.moi Ong.
Les quatre dirigeants les mieux payés d’IQ gagnent désormais environ deux fois plus que leurs prédécesseurs il y a cinq ans.
Chez IQ, les bonis sont monnaie courante. Malgré un faible rendement de 2,6 %, la société d’État a versé 14,2 millions de dollars en 2023-2024. C’est 63 % de plus qu’en 2020-2021 (8,7 millions de dollars en bonis) alors qu’IQ avait rapporté un rendement extraordinaire de 25,1 %.
Enfin et surtout, le rendement annualisé de 4,6 % sur les cinq années de la réforme du QI de Fitzgibbon est inférieur au rendement annualisé de 5,4 % qu’IQ avait produit au cours des cinq exercices financiers précédents.
Pierre Fitzgibbon est peut-être un « génie des transactions financières », mais le QI n’en a pas encore profité !
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