Le général Hubert Bonneau est finalement nommé directeur de la Gendarmerie nationale
Le 23 octobre, le général André Petillot, numéro deux de la Gendarmerie nationale, a été auditionné par les députés de la commission de la Défense, dans le cadre des débats sur le projet de loi de finances initiale pour 2025. Ce qui aura été insolite… Et pour cause : le poste de directeur général de la gendarmerie était encore vacant à cette date, son ancien titulaire, le général Christian Rodriguez, ayant fait ses adieux aux armes un mois plus tôt.
Normalement, il ne devrait jamais y avoir de « pause » pour une fonction aussi importante, d’autant que la situation sur le front de la sécurité intérieure est actuellement très délicate, avec une augmentation des violences contre les personnes (+12% pour les seules tentatives d’homicide en 2023, selon selon les chiffres du ministère de l’Intérieur), l’explosion du trafic de drogue ou encore les tensions en Nouvelle-Calédonie et en Martinique. A cela s’ajoutent des problèmes propres à la gendarmerie, comme des loyers impayés, pour un total de 200 millions d’euros.
Cependant, comme le rapportait récemment un article du quotidien Le Monde, le contexte politique aidant, le remplacement du général Rodriguez a donné lieu à une « guerre de succession » au sein de la haute hiérarchie de la Gendarmerie. Et il a même été envisagé de nommer un préfet à la tête des gendarmes, ce qui n’avait pas été vu depuis une vingtaine d’années.
Il aura fallu attendre le Conseil des ministres du 31 octobre pour voir enfin un nom sortir du chapeau, avec la nomination officielle du général Hubert Bonneau, jusqu’alors commandant de la région de gendarmerie Bretagne. Il prendra ses fonctions le 4 novembre.
Admis à l’Ecole Spéciale Militaire (ESM) de Saint-Cyr Coëtquidan en 1986 (promotion Général Callies) après des études au lycée naval de Brest et au Prytanée Militaire National de La Flèche, puis à l’Ecole Nationale des Officiers de Gendarmerie (EOGN) de Melun, le général Bonneau fait ses premiers pas à la tête d’un peloton de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Luçon, avant d’être nommé adjoint au commandant du Parachutiste. Escadron d’intervention de la gendarmerie nationale (EPIGN), dont il prend le commandement en 1995.
Après avoir créé le GOR (Groupe de Recherche et d’Observation) au sein de cette unité, le Général Bonneau a suivi de près l’affaire de la prise d’otages du vol AF 8969 à Alger, en décembre 1994. Il a ensuite assumé la responsabilité de la protection d’une partie des équipes qualifiées pour le phase finale de la Coupe du monde de football en 1998.
Par la suite, diplômé du Collège Interarmées de Défense (CID, École de Guerre) après un transfert en Polynésie française au sein de la Gendarmerie Départementale, un retour à l’EOGM comme commandant de peloton, le Général Bonneau est affecté à la Section de Recherches (SR) de Bretagne jusqu’en 2007, année à partir de laquelle il exerce pendant quatre ans le commandement du Groupement départemental de gendarmerie (GGD) de Corse-du-Sud.
En 2011, il est nommé commandant en second du Groupement national d’intervention de la gendarmerie (GIGN), avant d’en prendre la direction trois ans plus tard. A ce titre, il a notamment participé à la traque et à la mise hors d’état de nuire des deux frères Kouachi, responsables de l’attentat contre Charlie Hebdo, revendiqué par la mouvance jihadiste.
A cette époque, le général Bonneau fait l’objet d’une tentative de déstabilisation, une lettre anonyme ayant remis en cause sa manière de commander. Mais il a pu compter sur le soutien du général Denis Favier, alors DGGN après avoir commandé le GIGN. « Les écrits anonymes sont un processus répréhensible et n’honorent pas leur(s) auteur(s) », a-t-il soutenu.
Quoi qu’il en soit, en 2017, le général Bonneau a été désigné par le ministère des Affaires étrangères pour créer la « direction de la sécurité diplomatique » et ainsi organiser la sécurité de toutes les structures françaises à l’étranger (territoires diplomatiques, lycées et instituts). Puis, en 2020, nommé directeur des opérations et de l’emploi (DOE), il dirige les missions des 130 000 gendarmes dans un contexte marqué par la crise sanitaire provoquée par le covid-19.
A noter que, par hasard, le général Bonneau devra travailler avec un condisciple. Autrefois appelé à prendre les rênes de la gendarmerie, le préfet Louis Laugier est nommé chef de la police nationale, le 31 octobre également. Mais comme son homologue gendarmerie, il est passé par l’ESM Saint-Cyr entre 1986 et 1989, avant de prendre en charge la direction de la gendarmerie. une section de chasseurs alpins… puis rejoignant la préfecture au début des années 2000.
Photo : Gendarmerie Nationale